Certains visiteurs s’interrogent sur le livre d’or de la galerie Alain Blondel (4e) : mais qui est cette fée qui expose ces créatures célestes à la blancheur diaphane ? De son identité, elle n’a conservé qu’un prénom désuet, devenu signature d’artiste. Angélique sculpte l’organdi, une mousseline de coton très légère qu’elle transforme en bustes de taille réelle, en natures mortes ou en bouquets de fleurs imaginaires. Des oeuvres qui semblent saisies par le givre, mais s’avèrent transparentes et d’une incroyable légèreté. « L’organdi a une belle mémoire : il garde la forme qu’on lui donne », s’émerveille la créatrice qui travaille ce matériau depuis 1990. De ces années d’expérience comme ouvrière dans la mode, Angélique a acquis une grande maîtrise technique qu’elle décline aujourd’hui de façon « plus créative et personnelle ». Observés de loin, ses bustes possèdent toute la grâce hiératique des sculptures de la Renaissance. De plus près apparaissent des figures très contemporaines : une jeune rappeuse noire, un « barbare des villes » au crâne rasé, boucles d’oreilles et fine barbichette tressée... Pour ses natures mortes, l’artiste mélange sujets triviaux et plus sérieux : un plateau de frites côtoie un crâne ou un virus. L’artiste expose aussi des photos de visages ou de bouquets aux teintes très pâles. Comme une quête obsessionnelle de la transparence.