La Cambre Architecture Place Flagey 19 1050 Bruxelles Belgique
En mars 2006 s’ouvrait la première édition de la biennale « Photographie et Architecture » de l’ISACF La Cambre. On s’en souvient, la thématique de cette exposition rassemblait des œuvres présentées autour du thème des «Traces». Plutôt que de saisir l’architecture comme symbole, comme représentation ou encore comme événement, cette exposition entendait s’ouvrir à l’espace de ce que les linguistes appellent les indices, ces signes qui, peu explicites mais néanmoins évocateurs, peuplent l’espace de la ville et de l’architecture.
La thématique de cette année est « Corps de Ville ».
La manière d’associer « Corps » et « Ville » pour fonder la thématique de cette deuxième édition de la biennale est volontairement énigmatique.
Il n’a pas été écrit :
« le corps de la ville » ,
« le corps dans la ville »,
« le corps par la ville »,
« le corps et la ville »,…..
Ni inversement.
Car notre pratique pédagogique de la ville instruit l’intuition et nourrit l’hypothèse qu’il est vain de chercher une définition totalisante de la ville et de ce qui la constitue, voire qu’il y aurait même danger de le faire.
« Corps de Ville » convoque donc à travers l’ambiguïté de ce mariage sémantique les innombrables perceptions qui permettent d’appréhender la ville et d’accéder à sa complexité, tant structurelle que représentative. Se défendant de toute volonté d’exhaustivité, « Corps de Ville » est en quête d’évocations informées et en appelle aux voix (voies) multiples pour que, complémentaires, elles activent tant que faire se peut la réalité polyphonique de la ville.
Vingt photographes, dix belges et dix français, ont été sélectionnés pour évoquer cette réalité polyphonique de la ville et pour témoigner des « manières » différentes qui permettent d’incarner ces voies multiples.
Notre pratique pédagogique de la ville instruit l’intuition et nourrit l’hypothèse qu’il est vain de chercher une définition totalisante de la ville et de ce qui la constitue, voire qu’il y aurait même danger de le faire. « Corps de Ville » convoque donc à travers l’ambiguïté de ce mariage sémantique les innombrables perceptions qui permettent d’appréhender la ville et d’accéder à sa complexité, tant structurelle que représentative. Se défendant de toute volonté d’exhaustivité, « Corps de Ville » est en quête d’évocations informées et en appelle aux voix (voies) multiples pour que, complémentaires, elles activent tant que faire se peut la réalité polyphonique de la ville. Evoquons quelques pistes.
Par tradition, nous sommes tentés de parler spontanément du corps physique de la ville, de ses typologies, de sa morphologie, de ses strates et de ses évolutions multiples, de ses métamorphoses, de ce qui la structure et l’organise en s’inscrivant « dans la pierre », de parler de son architecture et de son urbanisme, de ses éléments fondateurs. Nous invoquons aussi la ville comme corps vivant, comme espace d’activités et d’échanges multiples traversé par des flux divers: la ville comme énergie. Et, pour assurer à sa lecture une accréditation académique complète, nous invitons les différents corps scientifiques institués, exacts ou non, à en compléter l’inventaire et à en multiplier les colorations : approche sociologique, anthropologique, statistique, économique etc….
Ces évocations corporelles constituent le volet « objectif » qui rassure par ses efforts de clarification tout en inquiétant par les dangers de l’usage des catégories, du statut conféré aux données et de leur instrumentalisation possible. Il n’est pas aisé de synthétiser la ville car il est illusoire de croire qu’en assemblant les fragments de son analyse, il sera possible d’en recomposer la totalité. Cet aveu – qui n’est pas d’impuissance - nous renvoie alors à d’autres formes d’approche par lesquelles le côté fragmentaire s'affirme pour ce qu'il est, libéré de tout recours à une légitimation autoritaire.
Si par exemple la compréhension de la ville passait par une perception physiologique impliquant directement le corps de celui qui l’expérimente ? La ville pourrait alors se lire et s'écrire comme une géographie sensorielle, faisant appel à l’ouïe, à l’odorat, au toucher, au goût pour ouvrir de nouveaux territoires de compréhension.
Si la psychologie ou l’intuition proposaient d’autres cartographies pour une géographie mentale de la ville, appelant l’affectif à la rescousse pour proposer des clés personnalisables afin de dessiner la ville ? Un autre Corps de la ville pourrait ainsi être dessiné suivant le puzzle d'une mémoire et/ou toute autre forme de réception sélective.
Si on envisageait la ville sous l’angle de ses pratiques ? Si le quotidien, les habitudes ou au contraire les événements ou les voyages interlopes recomposaient la ville par les axes de la routine ou de la déviance, des itinéraires formatés ou des dérives, des lieux utiles ou inutiles, des gestes répétés à l’infini ou exceptionnels, localisés ou en mouvement ? On convoquerait alors la ville et la multiplicité de ses temporalités, de ses structurations, de ses rythmes, de ses échelles, soit la ville et sa capacité à « faire de la ville », en se mettant à la disposition des divers usages et identités.
On pourrait par ailleurs se demander ce que devient, dans ce déploiement des représentations possibles, la définition de ses éléments traditionnels ou de ses qualités reconnues – la place, la rue, le monument, le centre, la convivialité, la proximité, la densité, l’anonymat etc…-
Ou encore : si la ville était le fruit de sa représentation symbolique, avec ses hiérarchies construites ou inconscientes ? Parle-t-on tous de la même ville lorsque l’on parle de Bruxelles selon que nous sommes ministre fédéral, bourgmestre, promoteur, touriste, restaurateur de la petite rue des bouchers ou sans emploi dans un quartier défavorisé? Qu’en est-il de la ville lorsque s’y pose un regard militant, politique, engagé ?
Finalement, si la ville, c’était tout simplement les gens, l’humain, l’autre, les co-présences et leurs gestions, collectives ou individuelles, publiques ou privées. L’autre présent ou non par son corps dans l’espace de la ville. Quels en seraient les tableaux, quels en seraient les motifs, quelles en seraient les séquences, que deviendraient ses « catégories » ?
Nous sommes convaincus de la réalité polyphonique de la ville. Nous savons également que ces voies multiples pour la comprendre influencent les « manières » de la représenter par la photographie.
Nous ne défendons pas d’école ou de style, ni ne nous accrochons à la notion consacrée de style. Tout au contraire, nous voulons cette biennale de « Photographie et Architecture » caractérisée par l’ouverture et la diversité.
« Corps de Ville », cette énigmatique thématique, sera garante de cette ouverture et de cette diversité pour l’édition 2008.
Marc Mawet, curateur de la biennale.
1.INSTALLATION « BATTRE LA VILLE »
Espace Architecture La Cambre
Vidéo
Coordination : Marc Mawet et Jean-Pol Tournai
En appel à l’exposition photographique et comme une résonance au texte thématique de la deuxième édition de la biennale, l’installation de Michel Couturier « Battre la ville » (2005).
« Deux danseurs vêtus de blanc, Chloé Dujardin et Ugo Dehaes, mènent à grandes enjambées, une course dans la Métropole. Ces images sont incrustées sur celles de lieux emblématiques de la Métropole : musée des beaux-arts de Lille, supermarché à Villeneuve d’ Ascq, centre commercial d’Euralille, par cet gare Lille Europe, musée du Jacquard et archives du monde du travail à Roubaix ainsi que celles du réseau suburbain : rues, autoroutes, boulevards périphériques, etc. Ces lieux sont filmés vides et selon une perspective centrée. Le point de fuite et l’accélération des images à l’arrière plan renforcent le décalage entre les personnages et les lieux. Il ne s’agit pas de montrer une course réelle. Les deux personnages improbables ne manifestent aucune fatigue. Ils semblent survoler ces lieux de travail et de loisir. Ils passent au dessus de tout. La narration n’a pas de fin. (…).
Le sol (de l’espace d’exposition) est recouvert d’un plan de cadastre de la région. Par ce biais, l’artiste pointe le décalage existant entre la schématisation de l’espace et l’appréhension individuelle de cet espace. »
Le public se déplace sur ce plan.
2.EXPO « CORPS DE VILLE »
Espace Architecture La Cambre
Photographies
Coordination : Marc Mawet
Commissaire : Marc Mawet
Jury de sélection :
- Monsieur Marc Vausort, représentant le Musée de la Photographie de Charleroi
- Monsieur Stephan de Royer, Directeur du magazine de photographie « VIEW »
- Mademoiselle Sabine Guisse, architecte, chercheuse au centre de recherches de La Cambre Architecture (CRAC)
- Monsieur Marc Mawet, architecte, enseignant à l’ISACF La Cambre, curateur de la biennale et président du jury
- Monsieur Georges Vercheval, Culture et Démocratie
- Madame Anne Wauters, critique spécialisée en photographie et curatrice indépendante
3.PONCTUATIONS SONORES « BNA-BBOT »
Espace Architecture La Cambre
Coordination: Marc Mawet (La Cambre)
Paul Decleire (BNA-BBOT ASBL) et Quentin Jacques (Deux temps trois mouvements ASBL)
L’association BNA-BBOT (Bruxelles Nous Appartient – Brussel Behoort Ons Toe) réalise depuis plusieurs années une collection sonore constituée de centaines d’heures d’enregistrements d’interviews de bruxellois. Des témoignages où questions et réponses ne font l’objet d’aucun programme préétabli mais offrent des éclairages métissés qui lisent la ville à travers la compréhension de ceux qui la vivent au quotidien.
« Parler du quotidien soulève souvent des questions à portée politique, remet l’ordre économique en question et met à nu les multiples inégalités auxquelles chacun d’entre nous est confronté. Participer à BNA-BBOT, c’est être acteur de la ville. C’est refuser d’être un consommateur passif. A l’écoute d’un témoignage, certains peuvent se réveiller et décider d’agir, de parler. Cela nous amène à penser la ville autrement, et cela donne une autre image de la ville, plus proche de ses habitants. C’est pourquoi nous disons que chaque participation à BNA-BBOT est un acte d’engagement. »
Ponctuation du parcours d’exposition de présences sonores dont la sélection et le montage ont été assurés par les responsables de BNA-BBOT.
Inscrites au cœur de l’exposition comme forme de reconnaissance de la valeur intrinsèque de ce matériau participatif, les ponctuations sonores de BNA-BBOT constituent en outre une sorte de contrepoint à l’installation « déshumanisée » de Michel Couturier.
4.EXPO « NEMAUSUS, 20 ANS / 10 POSITIONS»
Black Box La Cambre
Photographies
Coordination : Marc Mawet et Brigitte Bauer
Commissaire : Brigitte Bauer
Les deux immeubles jumeaux de logements sociaux réalisés par Jean Nouvel à Nîmes fêtent leurs vingt ans en 2008. L’occasion pour les étudiants de l’ ARC (Atelier de Recherche et Création) de l’école supérieure des Beaux-Arts de Nîmes de réaliser un travail photographique d’année sur ces bâtiments et sur la réalité de leurs principes d’appropriation et d’usage. Quand une école d’architecture accueille dans sa biennale de photographie une école des beaux-arts qui choisit l’architecture comme thématique de travail…
5.FESTIVAL CINEMA « CORPS DE VILLE, CORPUS DE FILMS »
Espace Architecture La Cambre
Coordination: Marc Mawet (La Cambre)
Organisateurs : Médiathèque de la Communauté Française de Belgique
Eva Debaix, Philippe Delvosalle et Marc Roesems
Deux Soirées pour un festival de cinéma organisé par la Médiathèque de la Communauté Française de Belgique
Sélection de films de fiction ou documentaires abordant la thématique.
Programmation sur 2 jours les 11 et 12 Avril 2008.
VENDREDI 11 Avril 17h30
- "A propos de Nice" (Jean Vigo, 1930 / 23')
- "L'Amour existe" (Maurice Pialat, 1961 / 19')
- "Beppie" (Johan van der Keuken, 1965 / 36')
= durée totale = 78'
VENDREDI 11 Avril 20h30
- "Crossing the Bridge" (Fatih Akin, 2005 / 90')
SAMEDI 12 Avril 17h30
- "New York, N.Y." (Raymond Depardon, 1986 / 10')
- "L'Occupation des sols" (Marie-France Plissart, 2002 / 28')
- "Flatlife" (Joris Geirnaert, 2004 / 11')
= durée totale = 50'
SAMEDI 12 Avril 20h30
- "Dogville" (Lars Von Trier, 2003 / 180')