© Laurent Muschel
Galerie Pascal Polar 108 ch de charleroi 1060 Bruxelles Belgique
L'exposition « Back to the Museum » se tiendra du 20 juin, en présence de l'artiste et dédicace du livre, et se prolongera exceptionnellement jusqu'au 31 août 2013 à la Galerie Pascal Polar.
« L’art est le produit de deux pôles ; il y a le pôle de celui qui fait l’œuvre et le pôle de celui qui la regarde. Je donne à celui qui regarde autant d’importance qu’à celui qui la fait.»
Marcel Duchamp
Elle est debout face à l’horizon d’un océan. D’un bleu similaire, son manteau lui permet de s’immerger longuement dans l’acte d’observation. L’œuvre de Gerhard Richter qui accapare son regard lui ressemble – à moins qu’elle ne finisse elle-même par coïncider avec la peinture. On la suppose venue de loin pour goûter à cette vision, on l’imagine Japonaise ou Chinoise. Que se passe-t-il dans l’intervalle de ce regard auquel nous n’avons pas accès ? Aux Etats-Unis, en Europe et en Russie, du Moma à l’Ermitage, Laurent Muschel traque le touriste, l’adepte des vernissages, le flâneur, mais peut-être aussi le marchand d’art, le galeriste, le collectionneur, le connaisseur, l’historien de l’art ou le conservateur de musée. Dans cette série, on assiste à la rencontre entre deux éléments: d’une part, l’objet, et d’autre part, l’être humain – c’est à dire l’œuvre d’art et son observateur.
La célèbre phrase de Duchamp selon laquelle « ce sont les regardeurs qui font les tableaux », prononcée en 1957, est une stratégie pour responsabiliser l’observateur tout en opérant une transition entre un art rétinien et un art conceptuel.
C’est l’idée que Nicolas Bourriaud a développée avec succès dans Esthétique relationnelle (2001), précisant que la création de ces dernières décennies offre une plateforme de rencontre, un point de dialogue fertile. En réunissant des visiteurs de musées et des œuvres célèbres, les photographies de Laurent Muschel thématisent cette problématique très actuelle.
© Laurent Muschel
On songe à Magritte qui, dans sa toile intitulée La Reproduction interdite (1937), donne à voir un homme sans visage qui contemple son double dans un miroir: son reflet ne lui donne accès qu’à sa propre personne retournée, à la réplique de lui-même – alors que le livre posé devant lui se réfléchit de façon normale. Cet homme ne connaît pas davantage son visage que nous, et c’est face à sa nuque qu’il est condamné à s’interroger sur sa propre identité. Dans un jeu de reflets impossibles, cette œuvre se positionne clairement contre la peinture d’imitation tout en créant la confusion entre la position de l’artiste et celle du spectateur.
À regarder de près les compositions de Back to the Museum, on se rend compte de l’étroite dimension tactile et sensuelle qui résulte de la rencontre entre l’œuvre et le regardeur. Les photographies de Laurent Muschel donnent à voir un véritable corps à corps entre un objet et un corps humain, faisant en quelque sorte s’imbriquer les univers sacrés et profanes. Sur l’image, tous deux fusionnent pour donner lieu à une symbiose, une synthèse, une union presque charnelle.
Extrait de Céline Eidenbenz Docteur en histoire de l'art.
© Laurent Muschel
Fasciné par la beauté du dialogue entre œuvres et spectateurs, Laurent Muschel s’est rendu dans de nombreux musées pour traquer les correspondances formelles ou chromatiques entre les visiteurs pris de dos et les tableaux exposés. Cette union presque charnelle entre le dos du spectateur et les œuvres présentées crée une nouvelle esthétique de la rencontre, où le musée reprend de la couleur et de la vie et retrouve son caractère ludique.
Arpenter les musées à la recherche de correspondances qui parlent et émeuvent. En faisant fusionner le dos du spectateur à l’œuvre exposée, il transforme l’ensemble en une photographie qui appor te une nouvelle dimension. “Back to the museum”, c’est aussi un appel à revenir, à retourner, et à revisiter les musées.
Photographies et vignette © Laurent Muschel