
Vignette © Joseph Charroy
Itinéraires des photographes Voyageurs 45 cours du Médoc 33300 Bordeaux France
A Bordeaux, « Itinéraires des photographes voyageurs » invite le public dans les principaux lieux culturels de la métropole aquitaine, autour de 16 expositions à la découverte de regards singuliers sur notre planète.
De la Base Sous Marine, à la Salle Capitulaire Cour Mably au cœur de la ville, cette 23e édition du festival propose aux visiteurs d’effectuer leur propre itinéraire au fil des expositions, et de découvrir ainsi le travail de photographes professionnels confirmés ou issus de la nouvelle génération.
Toutes les expositions sont libres.
Gaëlle Abravanel- Espace Saaint Rémi
« Dé-Réalité »
Dans cette série « Dé-Réalité », j’ai essayé de donner à voir la sensation du mouvement à travers la rémanence d’images inscrites dans ma mémoire. Je voulais traduire un équivalent visuel d’images mentales évanescentes porteuses de mes souvenirs de voyage.
Comment travaille la mémoire ? Elle efface, détériore, sélectionne, reconstruit à partir d'événements.
Techniquement, j’ai mis au point un processus de fabrication qui pour moi faisait écho au souvenir : re-photographier avec le téléphone mes photos de voyage sur un écran d’ordinateur.
Je recompose alors un nouvel espace, comme une mémoire, à partir des différentes captations et de recadrages afin que la photo initiale ne demeure plus que le “punctum”.
Pour cette série, mon but était de rendre compte de la fluidité du monde et de sa continuelle déréalisation.
Mes photos sont le résultat d’une opération technique qui va vers la décomposition des matières et des contours. La photographie devient presque transparente comme dématérialisée mais en même temps tactile comme une matière.
© Gaëlle Abravanel
© Gaëlle Abravanel
Marc Blanchet - Salle Captitulaire Cour malby
«Fantôme»
Fantôme entrouvre le rideau sur une suite d’apparitions. Villes, paysages, lieux, êtres et perspectives perdent trace de leur provenance. Un seul territoire réunit ces métamorphoses. Nous pouvons les désigner : elles, ne diront rien – sinon cet évanouissement en noir et blanc. Imprimées sur la rétine, ces métamorphoses soupirent de voir leur mort un instant suspendue : qui ne rêve pas de dessiner son propre espace dans l’éternité ? Pour tout dire, elles sont vraies : nous pouvons le jurer. Seulement, elles se détournent des perceptions trop sûres, bien qu’elles sachent qu’elles sont les objets de toutes les interprétations. Certaines s’agitent et semblent mener droit au royaume des morts ; d’autres pa- raissent appartenir à la disparition et viennent cependant semer la vie. Aucune création ne fut jamais autrement : ici ces apparitions font leur ronde sous forme d’images. Elles referment leurs yeux sur vous pour que vous puissiez les voir ; elles s’inventent pour qu’on les accueille. Fantôme est le nom des failles qui les composent. Écoutez : voici enfin qu’elles le soufflent en silence.
© Marc Blanchet
© Marc Blanchet
Joseph Charroy- La roche de Palmer
«Chats lunatiques»
L'amour n'a peut-être pas de visage. Il se fond dans les branches, il m'entraîne sur les routes, toujours par des chemins de traverse. La perspective s'efface vers un point d'évasion, j'ai délaissé la carte. Car le flou sème le rêve là où la lumière devient caressante, douce et brûlante. Le désir n'a d'issue, il initie au voyage.
© Joseph Charroy
© Joseph Charroy
Luc Chéry - Musée d'Aquitaine
“Griffures.Jerusalem, Jaffa, Gaza : trajets métaphoriques»
Luc Chery, s’est trouvé à Jerusalem et en Palestine de septembre 2000 jusqu’en 2004 lors de divers séjours. Période initiale marquée par l’éclatement de l’intifada Al Aqsa.
Les images réalisées ne s’apparentent cependant pas à un reportage réduit à cette actualité. Cet ensemble photographique ne contient aucune image d’affrontements.
Dans ce quotidien obscurci, natures mortes, tableaux urbains, visages et attitudes touchent plus à l’emblématique qu’au descriptif. L’usage métaphorique de ce travail suggère subtilement l’immanence de couches de significations plurielles, à l’image des couches archéologiques constitutives de Jerusalem.
La seconde partie de l’exposition propose un regard sur les habitats précaires des camps palestiniens, croisant les références plus générales à une architecture nomade, improvisée ou subie. Ici, les peaux dérisoires qui tiennent lieu d’enveloppe de l’espace habitat, sont l’occasion de chatoiements, de jeux lumineux 2002 contrastés qui magnifient des lieux de fortune, comme pour fièrement conjurer une douloureuse mise à l’écart.
© Luc Chéry
© Luc Chéry
Nicolas Contant & Clémence Ménard - Espace saint Rémi
«Sans savoir où demain nous mènera» [documentaire 52min]
Sans savoir où demain nous mènera est un film incertain sur l'incertitude, une enquête poétique sur le hasard. Ce road movie documentaire suit le fil de l'errance d'un couple de jeunes réalisateurs français sur le continent sud américain. Le film est le carnet de voyage qu'ils ramènent, subjectif et chronologique, fruit de l'expérience humaine et plastique entre la caméra, les personnes qu'ils rencontrent sur la route, l'espace en mouvement dans lequel ils évoluent et la question du hasard.
© Nicolas Contant & Clémence Ménard
© Nicolas Contant & Clémence Ménard
Frances Dal Chele- Salle Capitulaire Cour Mably
« du Loukoum au Béton »
Réalisées de 2007 à 2010, les images de Frances Dal Chele réunies dans « du Loukoum au Béton » s’attachent à transmettre le visage de la Turquie actuelle, loin des clichés et fantasmes. Il y est question de modernité et d’identité. De la globalisation qui bouscule tissus urbains et importe de nouvelles valeurs. Au fil des séjours, la découverte de l’état en devenir de la Turquie et de ses citoyens attachera la photographe à ce pays « entre-deux ». C’est en intervenant sur les couleurs qu’elle pose son regard sur un pays à la recherche de son identité rénovée et de ses nouveaux repères. Des couleurs légèrement grinçantes, volontairement surexposées et décalées. Couleurs-écho d’une Turquie s’éloignant chaque jour davantage de son identité d’avant, sans être encore installée dans celle qui est en train de prendre forme.
© Frances Dal Chele
© Frances Dal Chele
Alexandre Dupeyron- Grilles du jardin public
«Monades Urbaines»
Regarder les images de l’intérieur, percer la matière, plonger aux confins de la psychè, tel un
funambule, Alexandre DUPEYRON, l’objectif sur un point fixe, se balance dans le mouvement. D’Ouest en Est, il rode dans le monde. Sa photographie nous reconnecte à un environnement dont la géographie importe peu.
Entre flou et haute définition, il respire. Il cherche la passerelle.
Passage entre nuit rêvée et rivages de l’aube. Alexandre livre un regard intime sur la vie et dessine sur ses photographies des lignes entrecroisées, celles des mémoires.
De l’ombre d’un espace sans limite à un champ de conscience éclairé, il capte les couleurs de l’âme, trouvées en chaque être et paysage. Si l’équilibre du monde est précaire, son adaptation, permet d’y résister. Il n’y a ni état, ni limite. Tout est le commencement d’un autre territoire.
Dans ce tissage de deux mondes, se révèle la chorégraphie cachée derrière chacun de nos choix : l’amplitude de nos actes. Capturer l’essentiel tout en préservant une part de grâce. Se jouer du flou pour dénoncer les contours. Dévoiler sans dire. Chercher sans brusquer. Se laisser surprendre.
L’artiste voyant, saisit l’invisible créativité de l’homme. Celle d’une métamorphose incessante. La beauté lui est indispensable pour affronter la peur mortelle de la contrainte et du quotidien. En se battant contre le temps, il franchit les espaces, porté par un amour de la nature et des êtres qui l’entourent. Entre monde subtil et réalité, il renvoie à la fragilité de l’existence et à la force de l’âme.
Alexandre questionne l’essence humaine. Substance ou non matière, elle est éphémère. Entre rêverie et hors-‐piste, il voyage aux frontières du réel, sans quitter le monde tangible, en quête du lien entre vérité éphémère et mystère originel. De la dualité qui engendre la vie, notre monade ou unité parfaite est saisie.
Fabrice Fouillet- Espace Saint Rémy
«Eurasisme »
Déplacer la capitale d'un État est une décision majeure. En 1998,le Kazakhstan inaugure sa nouvelle capitale et Almaty cède la place à Astana,située1300 kilomètres plus au nord du pays.
Capitale la plus récente du monde après Pyinmana(Birmanie),elle est aussi symbole d'un nouveau départ et une initiative apparaissant comme un cas unique dans l'espace post soviétique.
Projet pharaonique,défi à la nature que constitue l'érection d'une capitale sous un climat extrême imposant des fondations spécifiques,mais aussi volonté de rupture,de réformes historiques et de ré-appropriation identitaire.
Des moyens colossaux sont donc mis en oeuvre pour qu'Astana puisse assumer son rôle de nouvelle vitrine du pays en favorisant le développement et l'insertion du Kazakhstan dans le marché mondial.
Si l'architecture est généralement la manifestation de signes appartenant à un ensemble culturel particulier,le visage de la jeune capitale est aussi celui du pouvoir et du plan symbolique d'une nouvelle orientation politique.Les bâtiments officiels neufs confinent parfois au gigantisme ou à la démesure,les squelettes d'édifices aux styles dissidents affleurent à la surface de cette péri-urbanité,la faisant hésiter entre authenticité et artifice,entre le matériel et un imaginaire teinté d'utopie.
Immense chantier d'où émergent,ambassades,résidences haut de gamme et vastes bâtiments accueillant tous les organismes d'Etat,Astana paraît inachevable et peine à entretenir ses espaces en manque de fréquentation.Si l'herbe apparaît et occupe nonchalamment les interstices,le discours officiel se doit de rester enthousiaste et séducteur.
En vue d'un futur personnel plus riant proposé aux migrants,ces constructions proposent aux citoyens une mise en scène de l'état en tant que cadre de sociabilité viable.Un ensemble d'éléments ornementaux dans lequel la végétation peu présente et théâtralisée,vivote tout en semblant avouer son manque d'encrage.
© Fabrice Fouillet
© Fabrice Fouillet
Nathalie Hubert--Le rocher de Palmer
«Paysages improbables»
Cette série d’images est le fruit d’une trajectoire, d’un voyage, reliant Paris à la cote Atlantique. Entre terre et mer, entre continent et océan. Ou plutôt aux confins de chaque étendue.
Ces photographies interrogent la notion d’espace et de territoire. Les paysages ici créés ne sont ni terrestre ni marin mais à la lisière des deux, dans l’interstice où les dunes deviennent écume, où les cieux rejoignent la lande et où la roche se délite lentement.
Ces espaces deviennent imaginaires car irréels et peu probables. La végétation surgit et se dresse au pied des lames déferlantes. Les vents marins balaient la terre comme ils balaient l’image. Les personnages s’immiscent et se fondent dans ce décor où le ciel dépoli se mêle au brun du sable.
La frontière entre les deux espaces se brouille et devient incertaine. Un autre territoire prend forme, un territoire imagé, fruit d’une vision personnelle, d’un voyage à l’orée du plausible. Un voyage amenant le spectateur vers des paysages improbables. Un cheminement vers un espace incertain.
©Nathalie Hubert
© Nathalie Hubert
Marine Lécuyer- Voyageurs du monde
«Fragments- mémories»
Tandis que nos journées s’accélèrent et que nos esprits se dispersent, les images se précipitent sur nos rétines, s’imposent, se superposent. Au bout de nos doigts se succèdent les pixels des écrans que nous touchons fiévreusement, et qui nous permettent, d’une pression, d’une caresse, de saisir – quelque chose.
Des outils technologiques sont devenus nos mémoires virtuelles.
Je le prends comme une invitation à s’engager sur un chemin ludique, où le téléphone portable devient tout à la fois le témoin, le filtre et le média des images fugitives et éphémères qui forment nos quotidiens. Depuis 2011, plusieurs voyages au long cours sur les rails de l’Europe m’ont donné envie de puiser au cœur de cet objet, réceptacle de souvenirs naissants, la matière première de Fragments – memories.
Transformées, rêvées, les photographies jouent en transparence, soulignant la porosité de nos perceptions quotidiennes (être ici, penser à ailleurs), et explorant les fragments flous de nos souvenirs, liés non plus par une unité de temps mais par des ambiances, des sensations, des histoires... A l’orée des rêves, les images de paysages parcourus, de rencontres et d’émotions nouvelles se mêlent et se confondent, révélant la géographie intime de nos itinérances.
Je porte une attention toute particulière aux moments d’attente et de contemplation qui jalonnent un voyage et permettent plus que jamais de se laisser imprégner par le monde qui nous entoure.
Ici, le temps suspendu se prolonge, dévoile l’écho d’un rire ou le frémissement d’un songe.
© Marine Lécuyer
© Marine Lécuyer
Karine Maussière- Salle Capitulaire cour Malby
«Chambre d'ailleurs»
Pendant son voyage autour du monde, Karine Maussière a systématiquement photographié les chambres où elle résidait avec son photophone Sony Ericsson. Les images de ces espaces intimistes, accompagnées de notes de voyage, sont tirées en très petit format et sont d'autant plus émouvantes qu'elles évoquent une intimité transitoire ; l'artiste est bel et bien « chez elle », elle s'approprie ces lieux avec son minuscule appareil, mais cela n'est que provisoire...
© Karine Maussière
© Karine Maussière
Florent Mazzoleni - Porte 44- MC2A
«Saudade»
Suave et empreint de saveurs tropicales, le spleen lusophone appelé saudade traduit une véritable invitation au voyage. Sentiment atlantique et ultramarin, le fait de rester sur place alors que bateaux, trains ou automobiles s’échappent vers des destinations inconnues, la saudade illustre une nostalgie douce qui habite nombre de régions situées autour de l’axe atlantique. Qu’il s’appelle blues, saudade ou mélancolie, ce spleen océanique reste vecteur d’une communauté de sentiments et d’expressions partagées entre ces différents rivages. Selon Dominique de Roux, « dans la saudade, le regret est le plus grand désir, l’absence provoquée est la plus durable présence ».
Ce souvenir mêlé de désir imprime aujourd’hui une nonchalance évidence à ces photographies. Il reflète souvent une certaine lumière, celle du petit soir ou des matins prometteurs. Les rémanences mélancoliques sont présentes dans ces images prises à Ziguinchor, Bamako, Ségou, Lomé, Banjul, Accra, Saint-Denis de La Réunion, Ouagadougou, Sikasso, Dakar, Boromo, Kaolack, Saint-Louis du Sénégal, Luanda, Djenné ou Bafoulabé. On ressent avec une douce félicité la présence physique de ce qui a été et de ce qui n’est plus. Ces villes projettent leur nostalgie chaleureuse dans l’acceptation même de ce passé révolu.
Noé da Silva, dans une lettre écrite à l’âge de vingt ans, précise : « la saudade serait comme une grande tristesse qui s’empare de tout le corps, lorsqu’on pense au bonheur et à la beauté d’une ville que l’on quitte. Paradoxalement cette tristesse fait du bien car elle nous pousse à revenir. Elle rappelle les jours heureux vécus ». Une fois quittées ces ville aimées et photographiées, on ne pense qu’à les étreindre de nouveau, à partir pour mieux revenir. La réside le charme souvent indicible de ces voyages photographiques autour de la saudade, parfois généreuse, souvent mélancolique.
© Florent Mazzoleni
© Florent Mazzoleni
François Mouriès - Insitut Cervantès
«Tres pueblos»
Les vastes étendues désertiques et arides du sud de la province de la Navarre espagnole, site sauvage qui ne s’est pas laissé apprivoiser par Terry Gillian pour son désastreux « Don Quichotte», semblent avoir déteint sur cette poignée de villages qui les bordent. Les repères ici sont faussés : pas d’exotisme ni éléments remarquables dans les ruelles silencieuses où s’alignent les maisons basses aux stores baissés, adossées aux bourrelets de grès semblables à une coulée de lave, repliées sur elles mêmes et sur leurs histoires modestes.
Une architecture uniforme, l’ornement discret de façades hermétiques, la couleur vive ou passée des maisons et la lumière qui les révèle, évoquent des bribes de scènes déjà vues, comme celles d’un rêve dont on se souvient mal et que l’on tente de reconstituer. Cette lente exploration parait emprunter à chacun de mes voyages, un itinéraire plus onirique que documentaire. Le souvenir se mêle au réel baigné par des tonalités sans cesse changeantes, de l’aube au couchant, accentuant l’aspect fictif et mystérieux des lieux.
© François Mouriès
© François Mouriès
Samer Mohdad - La Base sous-marine
Visions accomplies “Les Arabes”
Dans quelle fiction se trouve-t-on ? Au début de quelle histoire ? Au bout de quel chemin ?
Quel sens prend le regard dans cette aventure ? À quel moment de notre vie naissons-nous au regard? Quand se perd-il? Comment le (re)trouver ?
L’exposition ‘Visions accomplies’ de Samer Mohdad pose toutes ces interrogations. Elle déroute, bouleverse et enchante à la fois. C’est un véritable choc émotionnel et artistique qui invite à s’abandonner aux images, les laissant imprégner l’œil, puis les libérant dans les espaces enfouis du corps et de l’âme, là où naissent les séismes et les poèmes.
Au départ se trouve donc cette pulsation, ce frémissement, cette vibration étrange qui ne peut s’enfermer dans aucun mot, que seule l’image peut quelquefois révéler. Une vision, un regard, un bouleversement des sens. Ces images disent la guerre, la mort et la vie unies, la folie, les fractures sociales, les contradictions de l’âme humaine. Elles clament la révolte qui ne se dit pas en mots. Elles mettent en scène des personnages venus du fond de notre mémoire, des personnages qui étaient déjà dans notre vie et qu’il nous fallait juste voir, là, pour s’assurer de leur marque sur notre peau. (...)
© Samer Mohdad
© Samer Mohdad
Tilby Vattard- Arrêt sur images, la galerie
«Abris/Refuges intimes 2»
La montagne est un univers intemporel et singulier. La traverser est un voyage vers les origines du monde autant que vers soi même, et les refuges qui s’y trouvent sont comme des phares dans cet océan minéral.
On marche de l’un à l’autre, exercice esthétique et spirituel, on part à la rencontre de ses espaces intérieurs, on questionne son rapport au monde, au sacré, on cherche la frontière entre le réel, l’imaginaire, et le divin.
Ces sanctuaires parlent d’humanité, d’utopie et de fragilité. Ce sont les flambeaux de résistance contre une modernité qui s’éloigne de ses racines, des chapelles ardentes à la mémoire du lien sacré entre l’homme et la nature.
© Tilby Vattard
© Tilby Vattard
Laurent Villeret- Le soixante- neuf
« Les Héliotropes»
Le voyage est un ailleurs, pas forcément lointain, mais inéluctablement, hors de notre quotidien. Le rapport au temps s’en trouve modifié, de façon flagrante ou imperceptible, il change, s’adapte, s’accélère ou se ralentit. En 2002, lorsque je quitte Paris pour rejoindre l’Inde, j’ai pleinement conscience de cette réalité que je veux traduire dans mon travail. Je cherche le procédé qui me permettra de rendre au mieux cette émotion sans trahir mon propos. Le Polaroid s’impose alors comme la réponse à mes questions. Plus exactement, le transfert polaroid sur du papier aquarelle. Cela va me permettre de construire un carnet de voyage quasiment en temps réel, tout en brouillant les pistes du temps. Mes photos deviennent des images altérées, parfois légèrement détériorées comme surgissant du passé. Un passé immédiat empreint d’une dimension intemporelle. Des territoires que j’ai traversés je suis revenu toujours avec ce même désir d’interroger la place de l’homme dans cette géographie complexe où s’entremêle la notion de frontière et d’infini.
L'exposition Les Héliotropes, proposent un carnet de voyage vers un ailleurs , un pays imaginaire, sans frontière, en passant, par le Mexique, la Russie, le Sahara, la Chine, Zanzibar, . Elle redessine les cartes d'une planète, offre une nouvelle géographie, embarque le visiteur vers un territoire poétique.
Le voyage dans un rêve ou le rêve d'un voyage ? Bienvenue en Onirie.
© Laurent Villeret
© Laurent Villeret
Patrick Willocq- Marché De Lerme
« Sur la route de Birkoro à Bokonda»
Ce projet est né à la suite de plusieurs voyages effectués dans une dizaine de villages de la République Démocratique du Congo. C’est un témoignage du quotidien des villages Bantous et pygmées Batwas de la province de l’Équateur. Je mets en scène les villageois devant leurs cases, considérées comme un décor de théâtre, et compose ainsi des « tableaux Africains ».
J’ai grandi dans ce pays que j’aime et je connais très bien ces villages car parallèlement a mon travail photographique, je propose depuis 2 ans des voyages solidaires et équitables à la rencontre de ces villageois. J’ai toujours été frappé par la beauté, la simplicité et la dignité de ce quotidien. Ce, malgré toutes les difficultés journalières auxquelles font face les villageois.
Je compose mes photographies autour des relations humaines et de la place de la femme et de l’homme dans ces villages ; du rôle de la forêt, véritable cœur nourricier mais qui subit la pression quotidienne des villageois ; et des coutumes encore bien ancrées mais qui parfois disparaissent en faveur d’outils et de comportements plus occidentalisés. Je cherche aussi à sensibiliser le public aux enjeux du développement.
Finalement, je tenais à témoigner de la paix qui règne dans l’Ouest du pays, avec la complicité des villageois, eux-mêmes acteurs engagés et déterminés à contribuer à « notre » projet. Une toute autre réalité que celle du Congo de l’Est. Réalité sur laquelle les médias occidentaux se focalisent et qui, bien que dramatique, stigmatise l’ensemble du pays.
« Patrick Willocq met tout en scène, traitant des chaises en plastique aux teintes vives de la même manière qu’un groupe d’hommes posant fièrement et il se réfère avec humour à une tradition de la photographie ethnologique qu’il décale joyeusement. Son petit théâtre d’Afrique vient contraster avec les habituelles visions dramatiques du continent qui, si elles existent bel et bien, ne sauraient résumer la situation. Il ne s’agit pas de naïveté, simplement d’un bel optimisme, ou d’un espoir ».
Christian Caujolle
© Patrick Willocq
© Patrick Willocq
Cette 23e édition s’enrichit d'un nouvel événement : « Itinéraires en Projection » à l’initiative de Harold Lagaillarde, François Jonquet et Christopher Héry. Cette soirée de projection/débat propose au public un moment unique de partage et de débat avec les photographes.
Avec : Daniel Shea, Ben Huff, Gabrielle Duplantier, Maitetxu Etcheverria, Julio Bittencourt, Vincent Fournier
5 avril 2013- 18H