© Alexandra Carle
Une fenêtre restée ouverte…
Henri Cartier-Bresson a dit « j’avais surtout le désir de saisir dans une seule image l’essentiel d’une scène qui surgissait ».
C’est animée du même désir qu’Alexandra est partie en Chine. Elle voulait enregistrer la vie, capter sur la pellicule le quotidien, les traditions de ce pays dévoré peu à peu par la modernité. Quoi de mieux que le noir et blanc pour retranscrire un quotidien en train de disparaître, un présent appartenant déjà au passé.
L’humain occupe une place centrale dans son travail ; hommes, femmes, enfants, seuls ou en famille, souriants ou concentrés. Alexandra a choisi la photographie pour approcher les gens. L’appareil lui permettait d’établir un contact, de dépasser les frontières culturelles ou linguistiques. En arpentant les avenues, les ruelles sombres, les parcs fleuris et ensoleillés, Alexandra capte les ambiances, les instants, les gestes des passants qui poursuivent leur chemin, emportés par le tourbillon du quotidien. En jetant un œil par la fenêtre, on partage la solitude d’un homme au travail. En poussant la porte, on pénètre dans les cuisines d’un restaurant. Ces photographies nous transportent, nous voyageons avec les habitants, à bord d’un train, d’un bus, en pousse-pousse ou à vélo. Tous ces moyens de transport sont un motif récurrent qui nous rappellent que le monde bouge, se transforme et que nous nous déplaçons avec lui.
© Alexandra Carle
Dans ces photos, la vie fourmille ou s’isole au gré des humeurs, de jour comme de nuit, sans répit. Les foules sont joyeuses, les individus sont perdus dans leurs pensées ou dans leurs rêves comme ces voyageurs endormis dans un train. Alexandra s’est concentrée sur les quartiers populaires, là où les visages sont marqués par les années, là où les affaires se concluent au fond d’une ruelle. Mais c’est également là que le monde moderne n’a pas encore pris le pas sur les traditions, là que les enfants s’émerveillent, que les ballons s’agitent dans les airs et que les gens sourient, tout simplement.
La lumière est une thématique importante dans le travail d’Alexandra ; qu’elle soit diurne ou nocturne, elle est présente dans chaque image. Elle est diffuse lorsqu’elle paraît à travers à les arbres des jardins et projette les ombres sur les passants, elle est tranchante lorsqu’elle découpe les contours des temples, elle est douce aux premières lueurs du jour, elle est inquiétante au fond d’une ruelle et elle est festive lorsqu’elle jaillit d’une fontaine dans laquelle on se jette à grandes enjambées.
Grâce à ces photographies, la fenêtre restera toujours ouverte sur le travail et la vie d’Alexandra.
Jessica RETAILLEAU Fondation Henri Cartier-Bresson
© Alexandra Carle
Vignette et photos © Alexandra Carle