
Aya A, 2002 © ADAgP
Patrick Tosani
Les photographies de Patrick Tosani ne nous racontent pas d’histoires. Elles livrent peu d’informations. Elles ne sont pas non plus destinées à fixer le passage du temps : elles s’attachent principalement à restituer une certaine immuabilité, celle de l’objet placé au centre de la photographie. Ainsi méditées, réfléchies et achevées, ces photographies peuvent alors s’imposer. D’abord parce que l’aspect expérimental et analytique du travail de l’artiste nous force à exercer notre regard en nous amenant à considérer ce que l’on oublie trop souvent de regarder ; ensuite parce que le format choisi par l’artiste les érige en monuments.
Mais le travail de Patrick Tosani ne se limite pas à nous restituer l’objet tel qu’il est, il cherche davantage à nous en montrer une facette différente. En les regardant de plus près ou en les détachant sur des fonds neutres, il parvient à faire perdre leur identité aux objets ou aux corps, qui nous surprennent et nous dérangent alors.
Extrait, 2007 © ADAGP Patrick Tosani
C’est pour cela qu’il faut un temps d’adaptation au spectateur avant de se rendre compte, par exemple, que c’est un pantalon qui compose le Masque (1998), ou avant de déceler la présence d’un talon derrière une grande sculpture abstraite (Talon, 1987). C’est là le pouvoir de la photographie bidimensionnelle. Comme le dit l’artiste lui-même, « le travail que je mène est dans l’image et non dans l’objet photographié » : c’est bien alors qu’il crée une image capable de nous révéler un objet dans toute sa singularité et son étrangeté.
Patrick Tosani (1954) étudie l’architecture de 1973 à 1979 à Paris. Il vit et travaille à Paris et enseigne à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il est représenté par la galerie In Situ Fabienne Leclerc à Paris.
cdd 1, 1996 © ADAGP © Patrick Tosani
Lynne Cohen
Formée à la sculpture et aux arts graphiques dans les années 1960, Lynne Cohen commence à photographier en noir et blanc, avant de venir à la couleur dans les années 1980. Son travail, marqué par la notion de ready- made tout en étant extrêmement composé, peut évoquer l’art conceptuel et minimaliste autant que le style photographique documentaire.
© Lynne Cohen-Utitled (Windows)
« Ambivalents, les lieux que Lynne Cohen photographie le sont en ce qu’ils représentent des lieux réels fonctionnels, mais qui, vidés de leur fonctionnalité à la fois par la manière dont ils sont photographiés et par le fait de devenir images, accèdent à une dimension plastique. Chaque lieu est à la fois, sociologiquement et esthétiquement parlant, intéressant. La coexistence de ces deux qualités le rend indéniablement ambivalent. » L’inFigurable (extrait) de Jean-Louis Poitevin
Aussi, l’artiste dit de son travail : « Chacune de ces images est instable, voire déstabilisante. Chacune est comme suspendue entre être une chose et n’être rien. Il est ainsi, le plus souvent, très difficile de savoir d’où vient la lumière ; pourquoi les ombres et les reflets sont si singuliers ; pour quelle raison les objets peuvent sembler trop grands ou trop petits (ou présenter d’autres formes d’incongruités). »
© Lynne Cohen-Untitled (Smiling Couch)
Lynne Cohen est régulièrement exposée en Europe et en Amérique. En 2003, le musée de l’Élysée (Lausanne), la National Gallery of Canada (Ottawa) et en 2008 le Museum für Photographie (Braunschweig, Allemagne) lui ont consacré une rétrospective. En 2012, son travail sera présenté au Musée Mc Cord de Montréal (Canada) et à la galerie In Situ Fabienne Leclerc à Paris. Lynne Cohen a notamment publié Occupied Territory (Aperture, 1988), No Man’s Land (Thames & Hudson, 2001), Camouflage (Le Point du Jour, 2005) qui réunissait des images noir et blanc, réalisées depuis les années 1970 et Cover (Point du Jour, 2009)