©Jesse A. Fernandez
Maison de l'Amérique latine 217, Boulevard Saint Germain 75007 Paris France
Mois de la photo 2012 Maison européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris France
MOIS DE LA PHOTO 2012
Jesse A. Fernández de La Havane à Paris / Tours et détours
Jesse Fernández est également peintre, mais c’est le photographe qui est ici mis en avant. Son parcours l’emmène de Cuba à la France, via les États-Unis. L’Amérique du Sud et la Caraïbe ne sont jamais très loin, ni même l’Espagne, et l’œuvre tisse des liens avec toutes ces cultures. Ce sont particulièrement les villes : La Havane, New York, Madrid et Paris, où se concentrent des personnalités artistiques et littéraires de premier plan qui attirent Fernández. Ses photographies sont autant de restitutions de rencontres avec des écrivains, peintres, musiciens, danseurs ou comédiens, et témoignent d’affinités avec leurs univers. Si l’œuvre concerne en premier lieu Cuba, avant la révolution castriste et pendant celle-ci, ce n’est pas là que débute la carrière du photographe.
©Jesse A. Fernandez
Après des études de peinture, Fernández commence à photographier en Colombie en 1952 et continue de voyager en Amérique du Sud. À La Havane, il va signer des images documentaires : il opère pour la presse dans le monde de la politique, du spectacle et du sport, et fixe dans son objectif la figure émergente de Fidel Castro. Le parcours de Fernández s’achève en France où il s’est installé en 1977 et décède en 1986. Le genre qui domine est celui du portrait en situation – par différence avec le portrait en studio auquel le photographe ne prête aucun intérêt. C’est-à-dire la prise de vue sur les lieux de travail, de création, devant la page blanche, dans l’atelier, mais aussi l’environnement dans lequel l’écrivain, l’artiste aime à passer du temps, chercher les rencontres, ou au contraire s’isoler.
©Jesse A. Fernandez
Fernández est également attiré par le spectacle de la rue, arrêtant souvent son regard sur la surface des murs et les signes qui les ornent, choisissant ceux-ci comme toile de fond pour ses portraits. Une photographie pour l’essentiel pensée en noir et blanc et composant avec la lumière naturelle. Si Fernández privilégie souvent dans ses images le graphisme, la géométrie et le rendu des matières, c’est sans doute parce qu’il regarde le monde avec un œil de peintre imprégné des mouvements abstraits de la deuxième moitié du xxe siècle. Et si les rencontres avec les grands écrivains de son temps sont nombreuses, c’est parce que la littérature compte autant pour lui que l’expérience artistique. Toutes ces passerelles contribuent à rendre cette œuvre originale et inclassable.