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Interview - Mélanie Gribinski

Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans

Mélanie Gribinski Interview par Roland Quilici (rolandquilici@aol.com) - Pourriez vous nous raconter, laraison, qui vous a donné envie d'utiliserune chambre en bois au format 18X 24 C'est un instrument qui demande une grande maîtrise,qui est lourd, et donc difficile à manier. A l'heure ou les gens utilisent des appareils de plus en plus petits et de plus en facile d'emploi. - Est ce pour rester dans la tradition des portraitistes d'autrefois ? Comment avez vous fait l'acquisition de cette chambre ? C'est à l'école de photo MJM à Paris que j'ai commencé à faire quelques photos à la chambre 4x5 en studio.C'était l'appareil de l'école et nous n'avions pas l'autorisation de le sortir du studio. Je photographiais mes copains. Après l'école de photo j'ai travaillé à Imaginoir et c'est Jean-Yves Bregand, le fondateur du labo, qui m'a prêté sa chambre 20x25. Je me suis décidée ensuite à m'en acheter une. Lorsque j'ai vu le prix d'une chambre 20x25, même d'occasion, ça m'a déprimé. J'ai quand même été voir chez Cipière, Bd Beaumarchais. Il y avait une chambre en bois 18x24 magnifique des années 40 à 2OOO francs. Je l'ai acheté et depuis on ne se quitte plus. D'abord, et même avant d'utiliser une chambre, j'ai toujours photographié les êtres humains. Une photo sans personne même une très belle photo me donne une sensation de vide ou de mélancolie, il manque une présence. Les êtres humains sont ce qu'il y a de plus intéressant au monde. Les photographier me permet de les rencontrer, au moins une fois. Je préfère les photographier dans leur univers, chez eux, pour qu'ils s'y sentent bien et qu'ils soient le plus authentique possible. Je n'ai jamais eu l'intention de rester dans la tradition des portraitistes du IXE siècle, même si la chambre, avec la pose, la mise en scène etc... Y font penser. Simplement, l'utilisation particulière de la chambre me convient. Pour de nombreuses raisons. Là il faut que je fasse le tri entre ce qui peut être intéressant pour les autres et ce qui n'intéresse que moi... J'y réfléchis. Ce-là dit je photographie mes enfants avec un numérique et j'adore ça. Eux aussi d'ailleurs ! - Il me semble avoir lu quelque part, que votre père est psychanalyste, est ce la raison, pour laquelle, vous avez eut l'envie de faire une série sur les psychanalystes ? Comment avez- vous réussit à obtenir leurs accord ? À les convaincre ? Combien de temps vous a-t-il fallut, pour mener à bien ce travail ? Mon père et ma mère sont psychanalystes, et ils se sont remariés avec des psychanalystes qui sont tous les deux décédés depuis. Pour moi, la psychanalyse est une affaire de famille. Je connaissais les noms de grands psychanalystes, mais pour la plupart je ne les avais jamais rencontré. Avec mes parents bien sÛr, et J.-B. Pontalis, nous avons commencé à établir une liste, puis je leur ai écrit pour leur faire part du projet et leur demander leur accord. Seulement deux psychanalystes ont refusé, j'en avais contacté environ cinquante. Je leur ai ensuite demandé d'écrire quelques lignes à propos de leur propre image. Ce travail a duré deux ans, au bout des quels j'ai tenté de le présenter à des éditeurs. Mais j'étais jeune et inconnue, et les éditeurs qui ont bien voulu me recevoir m'ont clairement dit qu'ils ne feraient pas de bénéfice dessus, au revoir mademoiselle. Donc j'ai décidé de l'éditer et de distribuer moi-même. Les 500 exemplaires ont tous été vendus. Ça a été le début des éditions La Chambre. Cette entreprise d'édition acessée en 2002. - Les photographies semblent avoir été prisent chez les gens, ce qui a du être une difficulté supplémentaire. Vous voir débarquer avec une chambre, repérer l'endroit ou vous vouliez placer votre sujet a du être difficile à réaliser. Raconter nous la manière dont vous avez procéder. Il n'y a que le poids de l'appareil qui est contraignant, mais d'un autre côté ça me met en condition. Ce n'est pas difficile d'aller chez les gens. Quand j'arrive tout est déjà là, le décor est en place, le sujet s'est préparé, la lumière fait l'ambiance. Je prends toujours le temps de faire un peu connaissance avec la personne, avec le lieu et les objets. Souvent et très vite il y a une lumière ou un objet ou une attitude qui s'impose et là, c'est parti! Je monte l'appareil, je fais le cadrage et mesure la lumière et je dis à la personne qu'elle ne devra pas bouger pendant plusieurs secondes. Quand je déclenche, plus personne ne respire. Je fais six prises de vue. Il y a beaucoup de tension pour moi, mais aussi pour la personne photographiée et il ne faut pas que les prises de vue durent plus d'1/2 heure-3/4 d'heure. Il arrive aussi que ça ne marche pas comme je voudrais. Par exemple quand j'ai été photographié Edmundo Gómez Mango psychanalyste d'origine uruguayenne je n'arrivais pas à savoir où et comment j'allais m'y prendre. Je trouvais son appartement triste et c'était communicatif. Au bout d'une demi-heure j'ai monté la chambre et je me suis dit tant pis, je commence quand même ça va me décoincer. Mais après cinq prises de vue catastrophiques j'ai commencé à m'inquiéter parce qu'il ne me restait plus qu'un film à exposer. Alors je lui ai dit que je n'étais très contente de ce que j'étais en train de faire, que je devais réfléchir pour la dernière photo. Puis il m'a dit "j'ai d'autres tableaux qui ne sont pas accrochés, je peux aller les chercher". Il est revenu avec un tableau de Tapiès qui représentait le A de Anarchie, il s'est dressé devant près à défier toutes les dictatures d'Amérique Latine, accompagné de ce "grand A" qui est aussi un concept psychanalytique. Je lui ai demandé de regarder vers la lumière. J'avais ma photo. - J'ai remarqué, que votre style est à la fois classique, sur certaines images, et très libre sur d'autres. Est ce l'utilisation d'objectifs différents, suivant les photos, ou votre envie de montrer la personne, qui vous a conduit à utiliser des cadrages aussi variés ? Pour exemple le portrait de Denise Colomb est très serré, et néanmoins très fort de par l'émotion qui transparaît. Je n'ai pas vraiment de règles préétablies. Mon travail est en fait très improvisé. C'est parfois un vrai casse-tête parce que j'ai à la fois envie de faire un gros plan sur le visage et en même temps de photographier le lieu. Je dois choisir. J'ai deux objectif; un Boyer focal 210 mm en laiton de l'époque de la chambre, et un Tessar f:300 que j'utilise rarement je m'en suis servi par exemple pour le portrait du psychanalyste Francis Pasche. En ce qui concerne le portrait de Denise Colomb, j'ai eu envie d'être tout près d'elle. Chaque ride était une histoire, un événement, une photo. L'objectifBoyer était à 20cm de son visage et Denise n'était pas du tout impressionné par ce face à face alors que moi oui. - Dans la plupart de vos images, on sent la maîtrise de la lumière. Vous n'hésiter pas à photographier avec des contres jour, ou prés d'une fenêtre. Certaines images sont savamment mise en scène, et font ressortir le décor, on sent que vous contrôlez le cadre, la lumière, et le tirage. - Vous réalisez six prises de vue, et vous effectuez des tirages au format 50X60, qui peuvent être ensuite vendus au prix de 450€. Vous avez travaillé chez IMAGINOIR, un laboratoire qui est une référence sur la place de Paris. Est ce depuis votre passage dans cette petite impasse du 14 é ardt de Paris, que vous avez pris le goÛt de faire des tirages ? J'ai eu mon premier agrandisseur en même temps que mon premier appareil photo, à 16 ans Crocus et Pentax donnés par mon père qui ne s'en servait plus et peu de temps après j'ai installé mon labo dans l'ancienne chambre de bonne de l'appartement au dernier étage de l'immeuble. Evidemment j'y passais beaucoup de temps. Mais bien sÛr c'est à Imaginoir que j'ai commencé à apprendre ce qu'est un bon tirage N&B. - Le grand format nécessite, non seulement beaucoup de savoir faire, mais aussi un laboratoire pour effectuer ses tirages. Pourriez vous nous raconter comment, vous avez installer le votre ? Il y a deux ans, j'ai commencé à chercher un agrandisseur 20x25 ou 18x24, parce que je voulais faire des agrandissements de mes négatifs et que j'en avais un peu assez de faire des tirages par contact. Je ne l'ai pas trouvé, mais j'ai rencontré un excellent tireur, Pascal Bonneau, également photographe. Comme il ne voulait pas me louer son labo équipé d'un agrandisseur 20x25, je lui ai demandé s'il accepterait de tirer quelques unes de mes photos. Depuis je me contente de développer mes plans films et c'est lui qui fait les tirages. Ce n'est pas facile de déléguer à un autre tireur le soin d'interpréter une photo, mais quel soulagement ! - Avec l'avènement de la photographie numérique, n'avez vous pas de problème, pour trouver des plans films, et du papier baryté, pour réaliser vos tirages ? Si bien sÛr, c'est un vrai problème. Il y a quatre ans, IlFord a cessé la fabrication des films 18x24, alors je recoupe dans du 20x25. Mais depuis quelques mois, même le 20x25 sont introuvables en France. Pascal a réussi à trouver un site Internet américain qui en avait encore un peu en stock mais ensuite... je ne sais pas. Et pour le papier c'est la même chose. Pascal, qui refuse de tirer sur autre chose que sur du Bergger, a dÛ attendre trois mois avant d'être à nouveau approvisionné en papier. Bien sÛr, il y a d'autres fabricants, mais avec d'autres qualités et qui probablement vont suivre le même chemin vers la fabrication au compte goutte. Je préfère ne pas m'angoisser avec ça, et j'ai du mal à croire à la mort de l'argentique. Mais je suis bien impuissante face à ce problème, je n'imagine pas fabriquer mes films avec du blanc d'œuf et des boyaux de vaches. - Ce serait intéressant d'expliquer comment vous êtes passé des portraits d'artistes, d'écrivains, de musiciens aux portraits de famille plus récemment. En fait, depuis le début, je ne fais que des portraits de familles; famille des psy, familles des poètes etc... La seule différence c'est que je n'étais à peu près à l'aise qu'en photographiant des inconnus. Mais j'ai vieilli et acquis un peu plus d'assurance; maintenant je peux faire aussi le portrait de gens que je connais bien, des copains par exemple. Et l'idée de portrait de famille m'est tout simplement venu quand j'ai fondée la mienne. - En revoyant votre portrait de Denise Colomb, qui est une splendeur, pour le photographe, que je suis, et en voyant que vous avez publié un recueil de ses photographies, je me suis replongé dans un de ses livres publié par Carol Marc Lavrillier, intitulé portraits d'artistes Les années 50/60. J'y ai découvert un portrait de Vieira Da Silva ou D Colomb a utilisé la surimpression, et j'ai remarqué que vous aviez également utilisé cette technique pour l'un de vos portraits. Je n'ai pas utilisé cette technique. Lorsqu'il y a dans mes photos une surimpression, c'est une erreur à la prise de vue. C'est à dire que je me trompe de côté au moment de remettre mon châssis ce sont des châssis doubles, un film de chaque côté. Parfois le résultat me plaît. - Cela m'amène tout naturellement à vous demander quelle était votre relation avec Denise Colomb, dont vous avez fait un portrait, et qui laisse à penser que vous la connaissiez bien. J'ai rencontré Denise Colomb alors qu'elle signait ses livres dans une librairie en 1993. J'avais acheté ma chambre quelques mois plus tôt. Je lui ai demandé si elle acceptait que je fasse son portrait. Elle m'a répondu oui allez-y... mais je ne vois pas votre appareil photo. Alors je lui ai dit que j'avais une chambre et que je désirais la photographier chez elle. La semaine suivante je l'ai photographié avec son mari dans leur appartement. Nous avons très vite sympathisé. Je venais lui rendre visite de temps en temps. Puis quand j'ai commencé mon expérience d'éditrice, j'ai eu envie de lui proposer une publication. C'est à ce moment que j'ai osé la photographier de tout près, pour la couverture du livre. Nos liens sont devenus très amicaux, jusqu'à la fin. Le portrait de Denise Colomb Et la photo de Mélanie Contre sa chambre

© Actuphoto.com Actualité photographique

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