Festivals du 01/10/2005 au 31/10/2005 Terminé
Villa Tamaris Centre d’Art Avenue de la grande Maison 83500 La Seyne-sur-Mer France
Festival international de photographies à la Seyne-sur-Mer.
Les Noces de l'air et du vent
L'Œil en Seyne nous invite à venir célébrer les noces multiples de l'air et du vent. Après les canicules estivales, c'est l'opportunité de respirer la fraîcheur retrouvée du regard des vingt-huit photographes sélectionnés. Ce sera un voyage à travers la vie mouvementée de ce second élément succédant à la thématique de l'eau.
C'est avec Hans Silvester que dès le rez-de-chaussée, nous pourrons prendre... l'air et nous laisser porter vers les images inédites des cerfs - volants insolites qu'il a photographiés avec une jubilation aussi esthétique que ludique. Le célèbre membre de l'agence Rapho a abandonné pour un temps la photographie documentairepour laisser libre cours à son sens inné de la poésie. Il a su capter dans le graphisme tout en couleurs, l'élégance plasticienne de ce bouquet de signes célestes, poussés par le vent léger de la Toscane ou de l'Indonésie.
Vivant en Camargue, Hans Silvester nous révèle à même le sol la calligraphie toujours majestueuse que le vent dessine sur la scène géante de la terre ou dans le miroiri risé de la mer un instant apaisée.
A ces noces sublimes, succèdent au premier étage les noces barbares de l'air et du vent, quand leurs amours tumultueuses provoquent perturbations climatiques etcatastrophes naturelles. La France se souvient encore decelle qui en 1999 a couché, par milliers, ses arbres millénaires.
Nigel Dickinson a photographié, tels des tableaux funestement beaux, les cimetières des forêts décimées, sur une terre jonchée de leurs racines arrachées par la furie de l'étreinte fatale de l'air et du vent.
Eole a frappé et plane sur ces noces barbares l'air mauvais des vents déchaînés qu'a traqués Carsten Peter jusqu'au fin fond duTexas. Lauréat du Word Press Photo 2005 pour la force exceptionnelle de ses images exclusives, le chasseur d'ouragans d'origine allemande nous fait vivre au cœur même de la tornade, la violence du phénomène climatique démentiel. Telles les tentacules géantes d'une pieuvre dont la tête en forme d'enclume serait dissimulée dans les nuages, les colonnes d'air frappent le sol, dévastent tout sur son passage, après avoir littéralement soulevé de terre la hameau de Manchester, comme un fétu de paille. Très loin du pôle Nord, où Francis Latreille assiste aux amours glacials des vents et de la neige lacérée par les rafales successives contre lesquelles les scientifiques en mission peinent à avancer.
A la manière du plus commun des mortels, face aux bourrasques du quotidien. La religion n'y peut rien qui soumet cardinaux à Rome, prêtres orthodoxes et mollahs à Jérusalem, à la loi sans concession ni confession aucune de la nature déchaînée. De Georges W. Bush accroché à son parapluie, aussi vite retourné qu'une arme fictive de destruction massive, jusqu' au moindre mortel recroquevillé sur lui même pour échapper aux éléments en furie, tous les «People in the wind» ont dans l'objectif de Pascal Maître, de Gilles Coulon, d'Alfred Yagotzadeh une attitude à la Jacques Tati désespérément cruelle ou pleine d'humour pour le genre humain.
Où qu'il soit, tout habitant de notre planète pratique chaque jour le rite du bulletin météo, oracle incontournable des temps modernes.
Sur les images d'une rare densité «d'accouplement» entre ciel et mer, réalisées par Sophie Zénon, en bordure des côtes françaises, Anne Sibran «fait parler magnifiquement à plein vent, telles des tables de divination», les «Météo marine» de la photographe.
La Nasa nous aide à comprendre la richesse des informations recueillies par les satellites, à l'échelle de la planète vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Les noces virtuelles qu'entretiennent désormais en permanence la science et le vent, pour suivre l'évolution du trou d'ozone, nous aident à mieux préserver l'existence de notre planète terre. Celle qu'amplifie par effet de contraste James Nachtwey sur les terrains de la pollution à l'Est face au ciel pur et lumineux de Paris, vus par Patrick Tourneboeuf.
Chrystèle Lerisse, de la galerie Baudoin Lebon, souligne dans une succession d'images au format intimiste, la relation particulière que nous entretenons de l'intérieur vers l'extérieur avec l'opacité de l'air. Les flux de ce dernier sont étudiés dans le cadre de l'actualité en marche par le vent artificiel de la science au service de l'aérodynamisme. Les photographies de l'Onera, mis à contribution pour les essais en soufflerie des maquettes de nos récents aéronefs jusqu'à l'Airbus A380, sont au deuxième étage pour témoigner de la réussite de ces noces virtuelles de la science et du vent condamnés à la procréation permanente.
Pour satisfaire le voyage onirique des poètes de l'instant que sont Denis Darzacq ou Hervé Saint-Hélier. Ils nous invitent au troisième étage aux noces imaginaires de l'air et du vent. Denis Darzacq « saisit l'insaisissable » et nous projette dans une vision poétique de l'espace visité par des particules de lumière insoupçonnées, légères.
A l'inverse d'Hervé Saint-Hélier, très préoccupé par le velouté ou la volupté des masses nuageuses qu'il veut nous faire comme toucher du doigt, ou caresser, palper comme un coton céleste afin de mieux vivre la vibration moelleuse de l'air.
Les éoliennes stylisées de Jérôme Navarre et de Guillaume Rivière sabrent de leurs palles géantes l'horizon dégagé des Corbières. Elles dressent leur longiligne stature dans l'escaliergéant de la Villa pour promouvoir les énergies nouvelles qui font toujours rêver depuis dix ans.
Dans la toute beauté des songes, que nous propose l'enfant du pays, Christelle Daniel est au tout dernier étage à proximité d'un maître du paysage Michael Kenna. «Icare en féminin pluriel d'unmonde en noir et...vent» selon le joli mot de José Lenzini, la jeune disciple locale du grand photographe anglais, associe les textes de Gaston Bachelard et ses images pour étreindre le spectacle de son paysage natal dans la quête du vent, mistral deses rêves azurés. En communion avec le souci permanent de Michael Kenna de toujours préférer le pouvoir de la suggestion au réalisme de la description, tous les paysages et cheminées de son enfance dans le nord de l'Angleterre sont des tableaux marqués du sceau de l'élégance, et du respect profond qu'il porte à son art. Celui qui se revendique dans le droit-fil de l'héritage de Bill Brandt, d'Eugène Atget, de Charles Scheever, a toujours voulu prendre le temps de conversations intimes avec les paysages comme pour leur demander la permission de nous restituer toute leur beauté. Il fait de nous les témoins privilégiés d'une œuvre majeure, toute empreinte de subtile délicatesse de poésie haïku venue du Japon,son autre terre de prédilection. Pour célébrer toutes ces noces fécondes de l'air et du vent, il fallait ici rassembler ces vingt cinq photographes qui sont à la photographie ce que l'oiseau est aux nuages selon Paul Eluard, un trait d'union avec l'homme, avec les éléments.
Alain Mingam : Commissaire des expositions et directeur artistique du Festival l'Œil en Seyne.
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LES PHOTOGRAPHES
Christelle Daniel - Denis Darzacq - Nigel Dickinson- Francis Latreille - Chrystèle Lerisse - Michael Kenna - James Nachtwey - Jérôme Navarre - Carsten Peter - Guillaume Rivière - Hervé Saint-Hélier- Hans Silvester - Patrick Tourneboeuf - Sophie Zénon - Photographers in the wind.
> Pour voir les détails de chaque exposition, faire une recherche par photographe sur Actuphoto.
* Ouvert du mardi au dimanche de 14h00 à 18h00.
Entrée gratuite.
Visite guidée commentée sur demande.
>> Site du festival : http://www.loeil-en-seyne.fr/
Galerie d'images
© 1- Chrystèle Lerisse
© 2- Sophie Zénon
© 3- Michael Kenna
Villa Tamaris Centre d’Art Avenue de la grande Maison 83500 La Seyne-sur-Mer France