Centre Photographique d'Ile de France Avenue de la République, 107 77340 Pontault-Combault France
Depuis 1977, Masao Okabe prélève par frottages des empreintes du sol, des murs, des arbres… En faisant ainsi émerger l’épaisseur du temps, qu’il perçoit comme une superposition des couches du passé, il fixe le présent tout en faisant ressurgir avec force l’histoire des lieux et des êtres. Selon la direction du crayon, la vitesse de la main et sa force d’appui, des images très différentes émergent. Comme une extension du corps de l’artiste, ces frottages saisissent en creux les irrégularités de la surface, ses formes et ses reliefs. Cette apparition progressive d’une image sur une surface blanche, ce présent qui se révèle sur la surface du papier, rappellent le processus du développement photographique. Mais, à la différence de la photographie, le frottage est inévitablement à l’échelle 1. Ne pouvant s’effectuer qu’au contact du sujet, il implique un rapport physique au monde. La ville, écrit Okabe, est une gigantesque plaque d’imprimerie”. Par le frottage, la ville abandonne sa peau comme un serpent qui mue, laissant les traces de sa forme vivante. Il n’y a pas à préparer une plaque, elle est toute prête et, dans le frottage, tous les éléments de la ville ont une valeur égale.
Alors que Max Ernst utilisait le frottage pour faire naître des formes, Masao Okabe donne autant d’importance à l’action elle-même qu’au résultat. Cette technique, qu’il conçoit comme un processus, implique son auteur et l’espace public autour de lui. Cette mise en avant de l’action artistique place Okabe au cœur de l’art de la fin du XXe siècle.
L’exposition réunit des frottages de différentes essences d’arbres d’Hiroshima et des lithographies, tirées d’après des frottages du sol d’une imprimerie parisienne, où, depuis des décennies, les plus grands artistes impriment leurs lithographies.