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Rencontre avec Philippe Chevallier

Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par Antoine Soubrier dans

Philippe Chevallier, moitié du duo comique Chevallier et Laspalès, pratique depuis ses jeunes années un violon d'Ingres inattendu : la photographie, avec un penchant assumé au fétichisme. Il exposera dès le 6 mai à la galerie Adler à Paris (pour en savoir plus : http://www.actuphoto.com/14676-photographies-philippe-chevallier.html) ; à cette occasion, nous nous sommes entretenus avec lui pour retracer son parcours et découvrir les raisons qui le poussent à photographier, sans interruption depuis une vingtaine d'années les femmes, leurs fesses et leurs collants.


On vous connait surtout pour votre activité de comique, au sein du duo Chevallier et Laspalès que vous formez avec Régis Laspalès. Depuis quand pratiquez vous la photographie, quel a été votre parcours ?

Tout a commencé il y a environ 30 ans ; juriste de formation, j'étais stagiaire dans une agence de publicité au début des années 80, secteur qui connaissait son plein boom à cette époque. Mes idées étaient - je le dis sans prétention - très audacieuses mais jamais retenues. Pour un certain prospect, une marque de collant,  je me suis mis à prendre en photo des femmes "fortes", avec mon Polaroïd Kodak. Je suis resté six mois là-bas et j'ai quitté le monde de la publicité en commençant ma carrière de comédien, au Petit Théâtre de Bouvard notamment. Mais je continuais de mon côté les photos de femmes…deux fois, mon ancienne agence m'a rappelé pour me parler de mes photos, mais sans suite. Moi, de mon côté, j'y avais pris goût.

J'ai continué, notamment en me mettant à prendre des photos de femmes Africaines, moins "fortes" que celles que je prenais en photo avant, mais avec des formes bien dessinées, et aussi des amies…j'avais à ce moment accumulé 700 ou 800 images, mais une amie est partie avec toute ma collection.

Ca ne m'a pas arrêté : à ce moment, le Lycra a fait son apparition dans le monde du collant, en lui donnant un aspect plus lisse, plus brillant. J'ai donc continué, en m'attachant à ce moment à faire des gros plans sur les jambes, les fesses, et non plus des femmes en pied. Encouragé par Régis Laspalès, j'ai cherché à faire exposer mes photos, d'abord chez Serge Aboukhrane en 2000, puis dans d'autres galeries.

Depuis mes débuts, j'ai évolué sur la technique ; en me mettant au numérique en 2002, avec un petit Canon Ixus, et en passant à des tirages plus grands que les premiers A4, que je réalisais moi-même à la maison ! Je travaille avec les laboratoires Picto depuis le début, on s'entend très bien et ils savent parfaitement me donner ce que je recherche.


Quelle est la particularité de votre prochaine exposition à la galerie Adler, y verra-t-on des nouveautés dans votre travail ?

Depuis quelques temps, j'ai ajouté les visages à mon univers "collantesque" : c'est une nouvelle tournure de mon travail, qui sera présentée à la galerie Adler. 

Comment se passent vos séances de prises de vue, connaissez-vous vos modèles ?

Je travaille avec une dizaine de modèles, inconnues ou non. Les séances se passent chez moi, sur mon canapé ou ma moquette, avec un éclairage très simple, halogène.

La photographie fétichiste est un courant notable en photographie, y trouvez-vous de l'inspiration ?


Je ne suis pas tellement le travail des photographes, mais si je dois me dire influencé par quelqu'un, je dirai Guy Bourdin, ou …Cheyco Leidmann. J'aime beaucoup le travail du photographe fétichiste Gilles Berquet, mais il est plus "hard" que moi ! Plus largement et au risque de surprendre, je n'hésite pas à me revendiquer de l'héritage de Doisneau : comme lui, je cherche "l'instantané". 

On lit souvent à propos de vos photos les mots d'"obsession", de "pulsion"…faire ces photos pour vous, c'est un exutoire ou le moyen de diffuser un message ?

Pour moi, cette obsession érotique que je cultive et qui me donne du goût, de l'appétit, me fait du bien, et sert avant tout à montrer une image paradisiaque de la femme, mais une image réelle : je veux pouvoir regarder ces images qui montrent le paradis et malgré tout me dire "ça existe". C'est d'ailleurs pour cette raison que je m'interdis la retouche, et c'est ce qui me distingue d'un peintre qui reconstruirait ce qu'il voit, par exemple : je ne fais que reproduire. Alors quand on me parle de "réification de la femme", je réponds que photographier les fesses ou les jambes d'une femme, ce n'est pas la réduire à ça, c'est en montrer une partie essentielle. Je le dis comme Fernand Léger : j'aime ce qui est "agréable". Mais j'aime aussi, et je l'assume, le beau. On entend plus beaucoup ce mot de nos jours, on se préoccupe peut-être d'autre chose, mais je reste, comme Ingres, fasciné par le beau trait, le mouvement des formes d'une femme, les couleurs aussi, dont je suis particulièrement satisfait dans mes dernières photos, leur rose et oranger notamment.

Comment conciliez-vous cette activité avec celle de comique ? A vous entendre, on a l'impression qu'être humoriste, qui occupe pourtant la plus large partie de votre vie, serait plus trivial que votre travail de photographe ?

En apparence, érotisme et humour sont effectivement antinomiques. La solution, je la trouve en alternant les deux activités, c'est ce qui me procure mon équilibre. Mais il y a aussi un point de rencontre des deux, qui est le beau : je ne trouve rien de plus beau que le rire. Quand je vois deux mille personnes éclater de rire, je trouve ça tout à fait beau.

Quels sont vos projets ?

Pour l'instant, je continue mon activité de photographe, en ajoutant les visages à mes photos par exemple. Je complète mon univers, par petites touches.

Une question annexe pour finir : votre compère Régis Laspalès a-t-il comme vous un violon d'Ingres inconnu du grand public ?

A la base, Régis a fait les Beaux-Arts, il est très sensible à la chose artistique ; sculpteur de formation, il est aujourd'hui très intéressé par l'art contemporain, le design. Mais c'est un personnage mystérieux, je ne suis peut-être pas au courant de tout….


Propos recueillis par Antoine Soubrier



Antoine Soubrier


© Actuphoto.com Actualité photographique

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