Le 25e Festival International de Mode et de Photographie à Hyères aura lieu du 30 avril au 3 mai 2010. Voici la présentation des photographes sélectionnés.
YANN GROSS (Suisse) «Je m’intéresse particulièrement aux questions liées à l’identité et aux rêves, à la manière dont différents individus interagissent entre eux et développent un sentiment d’appartenance pour se créer leur propre univers. Les premiers skateboarders de l’Ouganda ont trouvé leur inspiration dans la télévision, mais ne pouvaient pratiquer leur sport faute de routes goudronnées dans leur voisinage. Ils ont alors entrepris de leurs mains propres la construction du seul et unique skatepark de l’Afrique de l’Est (selon les rumeurs) dans le quartier populaire de Kitintale, en banlieue de Kampala. Sans aide du gouvernement ni d’une ONG, des adolescents sont parvenus, par le biais du skateboard à pallier l’ennui et la pauvreté qui rythmaient leur quotidien. Lorsqu’ils se trouvent sur l’île fantastique qu’est leur skatepark, et qui fait toute leur fierté, les skateboarders ne sont guère loin du paradis : ils y éprouvent un sentiment de liberté et d’appartenance à une communauté, qui leur permet de rêver à de nouvelles perspectives d’avenir. Les plus âgés utilisent également ce sport comme un vecteur de communication au sein de la communauté pour y inculquer des valeurs telles que le respect ou la solidarité.»
Il (1981) vit en Suisse et a étudié à l’ECAL (École Cantonale d’Art de Lausanne). En 2008, Yann remporte le prix Descubrimientos («Découvertes») de Photo Espana et est nominé parmi les 13 nouveaux talents de la photographie par le magazine American Photo. Parmi ses expositions personnelles, on retient, «Horizonville» (Winterthur, Madrid, Vilnius, en 2009) et «Lavina»(Budapest, en 2008). Yann Gross est membre du collectif de photographes Piece of Cake. www.yanngross.com
YVONNE LACET (Pays-Bas) «Je cherche à retranscrire des archétypes de la ville moderne. Des endroits que tout le monde reconnaît instantanément : les banlieues faites de blocs d’appartements, les centres commerciaux avec leurs boutiques partout semblables, les parcs avec leurs rangées parfaitement rectilignes d’arbres et de buissons. Des endroits sans caractère spécifique, les dits «non lieux», qui se sont répandus à travers le monde. À partir de mes observations et d’images issues d’internet et de jeux vidéo, j’ai dessiné des esquisses que j’ai transposées en sculpture de papier, constructions que j’ai ensuite photographiées. Par le biais de la photographie, je crée un cadre dans lequel je viens disposer divers degrés de réalisme. J’aime travailler le papier et le carton en raison de la simplicité de ces matériaux et de leur expressivité. Un simple morceau de papier blanc symbolise à lui seul le vide. Les carrés, rectangles et cercles sont mon terrain de travail, à partir de ces formes géométriques élémentaires auxquelles je me limite délibérément, je construis mes sculptures. Dans mes images de ville, les détails tels que les fenêtres, portes, rideaux sont rarement présents à l’image. Seul l’essentiel demeure. Quand je crée ces scènes, je ne cherche pas à dissimuler les coupes, raccords ou points de colle, car ils viennent pour moi rappeler l’expérience que nous procure la ville : une scène rapidement construite, rarement destinée à la pérennité.»
De nationalité hollandaise, Yvonne Lacet (1980) vit à Amsterdam. Elle est diplômée de l’HKU, l’école d’art d’Utrecht. En 2009, elle exposait à Art Cologne, G.A.S Station, Berlin et était nominée pour le prix Bouw in Beeld. www.yvonnelacet.nl
MATTHIEU LAVANCHY (Suisse) «Dans notre époque, nous avons pris l’habitude d’être assaillis d’images violentes et dramatiques véhiculées par les médias et l’industrie du divertissement. Ces images avant perturbantes sont désormais partie intégrante de notre vie quotidienne, générant un climat de peur latente, indélébile. À la lumière de cette observation, j’ai imaginé le personnage de Mr. Schuhlmann. Un homme dont l’état d’urgence intérieur affecte sa vie entière. Dans son esprit, le monde extérieur est une menace, un intrus qu’il lui faut repousser par tous les moyens. Il crée donc des stratagèmes pour se protéger de dangers fantaisistes et irrationnels, s’isolant dans une forteresse physique, et psychologique.»
Matthieu Lavanchy (1986) vit en Suisse et est diplômé de l’ECAL (École Cantonale d’Art de Lausanne). Il a exposé dans le cadre du salon Art Cologne et du prix VFG, à Zürich, Bâle et Lausanne. Il a collaboré avec les magazines Wallpaper* et Sang Bleu. En 2009, Matthieu Lavanchy était résident du programme Photoglobal de The School of Visual Arts, à New York. www.matthieulavanchy.com
DHRUV MALHOTRA (Inde) « L’obscurité a toujours exercé sur moi une fascination particulière. La nuit, par nature, laisse libre cours à toutes les projections de celui qui la vit - un voile d’ambiguïté se répand sur les choses, et une certaine liberté flotte dans le noir et les ombres, quelque chose qui rend tout plus vivant. La série Sleepers (Dormeurs) est issue d’un travail plus large sur ma ville - Noida, que je photographie de nuit depuis 2007. J’ai fait des images de gens dormant dans la rue, dans leur environnement immédiat, dans les espaces qu’ils habitent. Ces photographies parlent autant pour des lieux que des dormeurs eux-mêmes. La nuit en Inde offre souvent des tableaux inhabituels, parfois étranges. Des gens dorment dans la rue, dans les parcs, au milieu d’axes routiers majeurs, sur des bancs, des chaises, à même le macadam, dans des entrepôts, sous des ouvrages de construction pour le métro, dans des tentes, des chantiers, sous des arbres. Dans un sens, Sleepers fonctionne comme une métaphore de l’état général des affaires de la nation indienne et peut-être de l’état présent de ma propre vie. Ce travail est une mesure et un indicateur de notre somnolence collective.»
Dhruv Malhotra (1985) est né à Jaipur. Il est diplômé d’économie de l’Université de Bombay. Son travail photographique a été publié dans Ojo de Pez (2009).
S. BILLIE MANDLE (Etats-Unis) «Ces photographies ont été faites dans des confessionnaux, ces petites pièces que l’on trouve dans les églises catholiques et où les gens viennent confesser leurs péchés. Presque toutes les religions ont leur théologie de la repentance ; ce qui fait du confessionnal un espace inhabituel est qu’il agit comme une manifestation physique d’une idée abstraite. Il donne forme à l’intériorité de la pénitence. Les murs et les bancs du confessionnal incarnent les prières des pénitents, et les pénitent en retour laissent leur empreinte sur le confessionnal. Ce qui m’intéresse, c’est le phénomène selon lequel les photographies, en tant qu’objets physiques, peuvent parvenir à évoquer ce qu’il y a d’intangible et d’ineffable à propos de ces espaces. J’ai été élevée catholique, les traditions de ces pièces me sont donc familières. Photographier un confessionnal procède pour moi d’un rituel : j’utilise un appareil grand format et la lumière disponible dans le lieu, soulevant le rideau du confessionnal et regardant dans le noir, juste comme je soulève le voile noir de ma chambre photographique. Les confessionnaux sont des espaces contradictoires, contenant simultanément lumière et obscurité, corporéité et transcendance. En réalisant ces images, j’ai approché les confessionnaux comme des espaces métaphoriques - des pièces qui renferment les paradoxes de la foi et du pardon.»
S. Billie Mandle (1978) est établie à New York. Elle est diplômée en 2008 du Massachusetts College of Art and Design, à Boston. En 2009, elle expose son travail à Eyelevel à Brooklyn et le publie dans Afterimage. www.billiemandle.com
CARA PHILLIPS (Etats-Unis) «La fixation culturelle de l’Amérique pour la question de la beauté est un phénomène complexe et persistant. La technologie moderne nous permet de corriger ou d’améliorer notre corps, la gamme des possibles est infinie. Pour beaucoup d’Américains, se refaire le corps est un travail à plein temps, parce que nous croyons, comme l’affirme le site internet de la Société Américaine des Chirurgiens Plasticiens, que «Même un petit changement à l’extérieur peut créer un changement extraordinaire à l’intérieur, et permettre l’épanouissement de la confiance en soi.» Cependant, les patients qui pénètrent ces lieux pleins de promesses de bonheur doivent souvent affronter leurs propres peurs, leur haine de soi. Cette collection de photographies s’inscrit à la fois dans une lutte personnelle avec mon corps et dans la longue histoire de l’industrie de la beauté. Quand je suis partie explorer ce monde, j’espérais capturer un univers inconnu du monde extérieur, je me suis en fait retrouvée face à mes propres sentiments sur la notion de beauté.»
Cara Phillips (1974) est établie à Brooklyn. Son travail a fait l’objet d’expositions, dernièrement à Scope New York (2010), à la galerie Jen Bekman (New York, 2009) et a été publié dans Allure et Cabinet. Cara tient son propre blog «Ground Glass», elle a fondé «Women in Photography» (une programmation bi-mensuelle d’expositions dont elle assure le commissariat avec Amy Elkins) ainsi que la «branche» américaine de POC, collectif de photographes. www.cara-phillips.com
JAMES REEVE (Royaume-Uni, France) «Je travaille sur le projet des Lightscapes (Paysages de lumière) depuis plus de trois ans. La fascination que j’ai pour la nuit remonte je crois au tout premier temps de mon intérêt pour la photographie. Au cours des ans, j’ai photographié la nuit dans tous ses états, faisant souvent de très longues expositions pour embrasser les qualités uniques des paysages sous la lumière de la lune et des éclairages de la ville. En travaillant sur Lightscapes, j’ai exploré la nuit dans une nouvelle voie, cherchant à me débarrasser des références visuelles communes pour me concentrer - au-delà du paysage lui-même - sur les cicatrices de lumière qui transpercent l’obscurité. Les contours des bâtiments s’estompent. De vastes villes industrielles et des lieux iconiques deviennent des toiles lumineuses, anonymes.»
James Reevel (1974), originaire de Londres est aujourd’hui établi à Marseille. Il collabore notamment avec Wallpaper*, The Sunday Times, et Monocle. Son travail a notamment été remarqué lors du prix sur le portrait organisé par la National Portrait Gallery, Londres. www.jamesreeve.com
ROBIN SCHWARTZ (Etats-Unis) «Mes photographies résultent de voyages avec ma fille Amelia. J’ai toujours été animée par la volonté de dépeindre les relations entre humain et animal. Mes photographies ne sont toutefois pas des documents. Elles sont des images ramenées des mondes qu’Amelia et moi inventons et explorons, des fables que nous jouons, où la ligne entre humain et animal est brouillée. Les animaux nous unissent. La photographie permet d’accéder à nos rêves. Amelia est ma priorité, ma co-conspiratrice, ma muse et mon bonheur.»
De nationalité américaine, Robin Schwartz (1957) vit et travaille dans le New Jersey. Elle est diplômée du Pratt Institute de Brooklyn. La série sur laquelle elle travaille actuellement, Amelia’s World, a dernièrement fait l’objet d’expositions ; citons Pulse Miami, avec la galerie M+B, Los Angeles en 2009 ou The New York Photo Festival (2008). Le livre Amelia’s World a paru aux éditions Aperture en 2008. www.robinschwartz.net
INDRE SERPYTYTE (Lituanie, Royaume-Uni) «En 1944, la Guerre Froide commença, une guerre brutale, inhumaine. Une guerre désormais presque oubliée. Les puissances occidentales considèrent toujours comme illégale l’occupation des pays de l’Est et de la Baltique par les forces staliniennes, malgré les conférences d’après-guerre qui reconnaissent les frontières de l’URSS. Cachée derrière le rideau de fer, l’occupation par le bloc soviétique se poursuivit pendant près de cinquante ans et détruisit des vies par millions. En dépit de l’absence d’aide de l’Occident, les partisans de la résistance se sont battus contre le régime soviétique. Ces partisans ont abandonné leur famille et leur maison et cherché refuge dans les forêts. Dans de nombreux villages et villes, les propriétés étaient confisquées par le KGB et utilisées comme centres de contrôle, de garde à vue, d’emprisonnement et de torture. Ces espaces domestiques se sont vus convertis en lieux de terreur ; et la forêt, devenue non seulement un lieu de refuge mais également celui des fosses communes. La résistance la plus active et puissante venait des «Frères de la Forêt» lithuaniens, elle dura 10 ans.»
Indre Serpytyte (1983) est née en Lithuanie. Elle est actuellement basée à Londres, où elle vient de terminer un master au Royal College of Art. Son travail a eté publié dans Ojo de Pez et Next Level et exposé à Paris Photo 2009, avec The Photographers’ Gallery, et à la galerie Yossi Milo, en 2007. www.indre-serpytyte.com
CARLO VAN DER ROER (Nouvelle-Zélande, Etats-Unis) «La photographie d’aura est un exemple relativement récent de la photographie d’esprits. À la différence des photographies qui prétendent fixer les fantômes, la photographie d’aura est une branche de la photographie spirite qui cherche à mesurer objectivement et documenter des aspects invisibles du corps humain. L’appareil capteur d’aura a des apparences pseudo-scientifiques. C’est un appareil grand format, chargé de films instantanés ; il a un bouton et est connecté directement au sujet, ne permettant que très peu de médiation ou de manipulation de la part du photographe.
Carlo Van de Roer (1975) est originaire de la Nouvelle Zélande et vit aujourd’hui à New York. Diplômé de photographie de l’Université de Victoria en Nouvelle Zélande, il est sélectionné en 2007 à «Hey Hot Shot», concours de photographie organisé par la galerie Jen Bekman. Depuis, il a montré son travail dans le cadre d’expositions collectives au Cooper Design Space, Los Angeles, au MUSAC (Museo de Arte Contemporaneo, Leon, Espagne) et récemment aux salons Pulse et Aipad (New York) avec la galerie M+B (Los Angeles). www.carlovanderoer.com / www.theportraitmachine.com
PRIX
Dotation School of Visual Arts
The New York School Of Visual Arts est l’une des plus prestigieuses écoles américaines d’arts plastiques et appliqués. Son programme Photo Global, dirigé par Marc Joseph, est une résidence intensive d’un an qui offre aux participants internationaux l’occasion de travailler avec des équipements de pointe en compagnie de photographes renommés afin d’acquérir le regard critique nécessaire à tout auteur. La visée de Photo Global est de faire progresser l’étudiant dans ses recherches personnelles à travers des conférences, des visites de musées et de galeries et des rencontres avec les participants et intervenants du programme (tels Gregory Crewdson, Tim Davis, Taryn Simon, James Welling, Larry Sultan, Jessica Craig-Martin, Elinor Carucci, Jack Pierson ou encore Collier Schorr).
The School Of Visual Arts s’associe au prix du Jury et offre au lauréat photo du Festival d’Hyères 2010 une place dans la promotion 2010-2011 de Photo Global. www.sva.edu
Liberty
Liberty invitera le lauréat du concours photographie à exposer dans son magasin de Londres. www.liberty.co.uk
Profoto
Fabricant de flashes électroniques les plus loués au monde (disponibles dans les studios de Paris, Londres, Milan, New York, Tokyo, Le Cap...), Profoto s’associe au prix décerné par le jury photographie 2010 avec la dotation de matériel. www.profoto.fr
Le Book
Le Book, point de rencontre des créateurs d’images qui définissent notre époque. C’est depuis 30 ans, la référence internationale , couvrant à la fois la photographie, l’illustration, la production, la direction artistique, la publicité, la musique et la mode. Partenaire du festival depuis 15 ans, il offre comme chaque année à l’ensemble des stylistes et photographes sélectionnés une visibilité multimédia: une galerie sur le site, une page dans les éditions Paris, New York, Los Angeles, Londres et Berlin, ainsi qu’une présence sur leur salon Connections.
www.lebook.com