La Vie est Ailleurs
C'est au cours de l’été 1999 que tomba le diagnostic de la schizophrénie paranoïaque aigüe de ma mère. A l'époque, j’avais 17 ans. Après coup, les docteurs dirent qu’elle avait commencé à en développer les symptômes depuis de nombreuses années. Symptômes que personne n’avait perçus. C’est sa rupture avec mon père qui provoqua l'apparition de sa maladie et l'empira. Au fil des années, les murs de de notre maison commencèrent à se lézarder, plus personne ne venait chez nous car ma mère avait trop peur de laisser y entrer qui que ce soit. Seules subsistaient les traces d’une vie disparue. Nous passâmes les premières années cachés du monde. Les siennes dans sa paranoïa et les miennes dans la gêne et la colère que j’éprouvais à l’égard de celle qu’elle était devenue.
Ce n'est que bien des années plus tard que j’ai compris que ma mère n’avait jamais cessé de m’aimer.
Aujourd’hui, quand je repense au passé, je réalise que ce que je suis, ressens, vois et pense est lié à ma relation avec ma mère beaucoup plus intimement que je ne pouvais l’imaginer. Dans ce travail, j’espère être capable d’établir un lien entre la relation que j’ai pu avoir avec elle et le reste de ma vie.
« La Vie est Ailleurs » est le récit de ma vie, ma famille, mon amour, mes amis, mes voyages, de mon besoin de faire l’expérience de tout ce qui est sur le point de disparaître. Ainsi, d’une certaine manière, j’essaie de connecter ma vie avec le monde qui m’entoure en espérant y trouver ma propre réalité.
« La Vie est Ailleurs» est comme un livre rempli de doutes, de contradictions, de compréhension, de rire et d’oubli dans lequel j’essaie de me questionner constamment, en rassemblant les fragments de ma vie qui pourraient sembler totalement déconnectés les uns des autres perçus séparément. J’espère pouvoir, avec le temps, reconstituer ce merveilleux puzzle appelé la vie.
Ce voyage me mènera peut-être à une réconciliation avec ma propre existence.