En créant des images, nous sommes en position d’observateurs, de voyants et c’est d’abord à travers un travail nommé En l’état que j’essaie de révéler le monde.
En l’état est un travail évolutif, commencé le 13 juillet 1999, constitué aujourd’hui de milliers d’images qui peu à peu tentent de reconstituer un état, une manière de voir. Sans intervenir, je cherche à répertorier les gestes presque chorégraphiques du quotidien et le mouvement incessant du monde comme une collection, un vocabulaire universel (et modeste). À travers l’observation du réel se pose la question du regard d’où le problème de l’habitude du lieu, de l’aveuglement c'est-à-dire le fait de ne pas voir ce que l’on a devant soi, l’évidence comme dans la nouvelle d’Edgar Allan Poe La lettre volée.
C’est avec Le Territoire, L’Assemblée, Ville satellite ou La limite transversale de la mer que j’interroge la notion de paysage ; in situ, car la création est pour moi liée au lieu, au contexte.
Comment l’homme agit et contraint son environnement jusqu’à le modifier durablement ? En réponse, j’analyse les contextes économiques, politiques, historiques (etc.) pour montrer de quelle façon un paysage se construit.
En effet, notre époque est ponctuée de changements infinis (travaux, construction, destruction, plantation...) et fonctionne sur un échange majeur : l’intervention humaine sur le paysage et le climat.
Et c’est dans la peinture que j’ai naturellement trouvé un moyen d’interroger les images avec les Vanités. En m’inspirant de cette vague picturale en vogue au XVIe siècle, j’essaie de produire des images critiques en photographiant des objets contemporains.
Issu d’une des premières générations accaparées par l’image (télévision, publicité...), je pense qu’il est primordial de continuer à en produire pour montrer un monde différent de celui décrit dans la plupart des représentations contemporaines.
Franck GERARD