Image Credit: NASA/JHU APL/SwRI/Steve Gribben
La première des raisons, et pas des moindres, est un temps de pose beaucoup trop long. Neuf longues années - 3285 jours - avant que New Horizons n'atteigne enfin son objectif plutonien. Neuf ans ! A titre de comparaison, c'est l'âge que l'on a en France pour être auditionné par les gendarmes pour apologie du terrorisme. C'est aussi le nom et la durée de la guerre qui a opposé les Irlandais aux méchants Anglais de 1594 à 1603. C'est enfin le temps de diffusion d'une série comme How I Met Your Mother. (C'est moitié moins en revanche que les 18 saisons de Joséphine Ange Gardien. Tout est relatif comme disait Albert).
Alors oui, nous concèderons volontiers que notre Pluton n'est pas à la porte d'à côté et que l'on pouvait difficilement faire 4,8 milliards de kilomètres en quelques heures. Après Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, le monde attendait fébrilement d'y envoyer en visite un robot spatial afin d'avoir quelques images. Mais partir en 2006 pour prendre une photo en 2015, mieux vaut être sûr du résultat et du modèle (bien coiffé et rien entre les dents)...
Ce qui nous amène directement à notre deuxième raison : un rendu tout à fait moyen. Et la responsabilité en revient principalement au modèle. Car Pluton est aux planètes ce que Mimi Mathy est à la télévision française : un petit phénomène. Tout petit. Avec ses 2.300 kilomètres de diamètre, elle est plus petite que la Lune et 500 fois plus légère que la Terre. En 2006, l'Union astronomique internationale a en effet retiré à Pluton son statut de planète au vu de sa petite taille qui la relègue désormais à la catégorie des planètes naines. La sonde étant encore à plus de 200 millions de kilomètres, on risque de ne pas voir grand chose. On nous parle de « petits points » (la micro planète et l'une de ses cinq lunes Charon). Un peu comme si vous photographiez une coccinelle (pas forcément naine) depuis une montgolfière, le résultat ne sera pas très convaincant !
Image de Pluton et sa lune Charon prises par New Horizons
(agrandie quatre fois pour plus de visibilité)
Image Credit:
NASA/JHU APL/SwRI
Enfin, troisième et dernière raison de ne pas céder à l'appel de la photo spatiale, le rapport qualité/prix s'avère peu convaincant. Avec un budget annuel de plus de 17 milliards de dollars, la NASA peut sans doute se permettre ces petites folies astronomiques. Il est vrai qu'on pourrait difficilement se rendre sur Pluton en métro ou en vélib, et une fois là-bas mitrailler la planète de petite taille avec son Polaroïd qu'on a reçu à Noël. M'enfin ça fait cher la photo de points. D'un autre côté, Mimi Mathy gagne 250 000 euros par épisode de Joséphine Ange Gardien.
Tout est relatif comme disait Albert.
Emilie Lemoine