© Mohammed Mali
A partir du 21 jusqu’au 31 décembre 2012, le Complexe Culturel Sidi Belyout – Casablanca accueillera l’exposition «Seuils de la lumière» du photographe Mohammed MALI, parrainée par le Ministère de la Culture et l’Association Marocaine d’Art Photographique (AMAP) en partenariat avec la Commune Urbaine de Sidi Belyout - Casablanca. Cette exposition sera une occasion pour le public casablancais de découvrir un travail à sujet original : «la lumière dans ces différentes formes», selon un regard propre à la démarche photographique à laquelle nous a habitué l’artiste Mohammed MALI.
Mohamed Mali est né en 1957 à Figuig. Animé par l’amour de la photographie, sa principale et éternelle passion, notre artiste fut en 1988 l’un des membres fondateurs de l’Association Marocaine d’Art Photographique (AMAP) dont le but essentiel est de promouvoir L’art Photographique Marocain. Le même but qui le conduira plus tard, en 2002, à devenir rédacteur en chef du Magazine «News Photo». Entre les deux dates, comme après d’ailleurs, il multipliera les expériences photographiques aussi bien au Maroc qu’à l’étranger en restant toujours fidèle à son sujet de prédilection : «La lumière».
En effet ce natif de Figuig, ville du lever du soleil par excellence, est comme fasciné par la lumière, cette substance qu’il manipule combiné à son opposé avec une grande aisance et une sensibilité artistique d’une rare qualité.
Par ailleurs, dans le travail de Mali, on retrouve en plus de «substance-star» qu’est la lumière, un trio de constantes invariables : «Formes, espaces, architecture».
Parallèlement à son activité artistique, son travail dans l’enseignement et son grand souci de la continuité, combinés à une forte dose d’altruisme et de générosité, le ramenèrent tous ensemble et tout naturellement à enseigner, depuis déjà 13 ans son savoir faire photographique a des photographes en herbe dans plusieurs institutions et à l’occasion de différentes rencontres.
Vit et travaille à Casablanca.
© Mohammed Mali
Les lumières de Mali
«Lightning strikes not once but twice…
Now lightning strikes in old New York
It may be dark but I wanna talk
It might rain, it might snow
Too many things I got to know
If this is spring than it's time to sing
Never mind the l'il birdies wing
Look out, look out, old New York
New York's coming an' New York talks
Hey! Strike! Not once...
Strike! But twice! »
Joe Strummer (1950-2002)
«S’il y a un dieu, il est lumière et le photographe est son prophète»
Sam Sulaah (1956)
Comme du plus profond des âges, les lumières de MALI nous renvoient aux lueurs et aux ombres de la caverne de Platon (Livre VII de la République). Prenant le long chemin vers la connaissance de la réalité, nous cherchons sans relâche, avec erreur ou avec raison ; et c’est grâce à la lumière qui définie les choses, tout en leur faisant prendre parfois l’allure de curieux «fantasmes», que nous avançons dans le noir. La réalité est le fruit d’un assemblage visuel, sonore, olfactif et tactile. Et curieusement c’est cette dernière fonction qui semble être la plus éprouvée lorsque l’on scrute attentivement les photographies de MALI. Son œil a touché du bout de la pupille les photons de lumière qui se posent sur tout. Il a senti les formes des choses, leur grain, leur chaleur ou leur froideur, il a su effleurer par son regard la «peau» luminescente du monde. Le regardeur est à présent invité à faire de même et il vient se délecter des subtils ou brusques écarts de luminosité et autres jeux graphiques qui charpentent l’image.
L’œil «broute» la surface de l’image, parfois hameçonné, parfois nourrit de la richesse et de la complexité des constructions qui lui sont données à voir.
Les «éclairs» aveuglants de MALI déchirent littéralement l’obscurité (lightning strikes !), tels de puissants phares qui nous guident vers un ailleurs forcément hors-champ, dont on voit souvent se dessiner le tracé qui y mène, sans pour autant en soupçonner l’issue.
De New York au Maroc, il y a plus qu’un océan. Pourtant c’est de l’autre côté de l’atlantique que vit Saul LEITER, un possible alter-ego new yorkais à Mohamed Mali. On peut aisément faire le lien entre les œuvres de Mohamed MALI et celle de Saul LEITER. Tous les deux fascinés par l’organisation plastique des formes et de leur résonnance à la couleur et la lumière, MALI et LEITER entretiennent avec la réalité une relation pour le moins distanciée. Rien de documentaire dans leurs images. Elles sont le support de la visualité pure et d’un rêve éveillé. Curieusement, l’un comme l’autre, n’ont pas pour ambition de parvenir à la gloire et à la célébrité, humbles et discrets, ils partagent ce même goût pour la mesure et l’ombre. L’apanage des vrais grands maîtres. A présent malgré cette identité commune et le double amour qu’ils portent chacun à l’ombre et à la lumière, l’heure est venue de se rendre sous le feu des projecteurs !!! Lightning strikes not once but twice Mr. MALI!
Patrice LOUBON, Nîmes, novembre 2012
Directeur de la galerie NegPos (Nîmes, France)
Vignette et photo © Mohammed Mali