Jeannie Abert ©, Evidence6 2011
Marc Chostakoff et Jeannie Abert ont entrepris un travail photographique dans lequel l’un et l’autre s’attachent à façonner un espace choisi, à y intégrer un élément fabriqué ou venu d’ailleurs. Ces photomontages nous proposent des univers imaginaires où ils nous invitent à les suivre.
Marc Chostakoff
Plasticien photographe, Marc Chostakoff vit à Marseille. Son histoire artistique commence avec les paysages de mer. A partir de photographies prises du rivage, vastes étendues d’eau séparées du ciel par un horizon linéaire – images familières que chacun peut reconnaître –, il introduit un élément extérieur au paysage, instaure un trouble dans la perception de l’image, ouvre le champ de l’illusion. L’exposition présente une sélection de ces œuvres, un parcours amorcé il y a près de vingt ans.
Les séries Horizons se succèdent et suivent les rivages de Fos, Martigues, Marseille, Sanary, Alexandrie, Mirleft (Maroc). Les découpes en cercle ouvrent une trappe, les plans surélevés évoquent un barrage sur la mer, les failles séparent les eaux. L’intervention numérique est là pour provoquer une réaction du spectateur, pour remettre en question notre représentation mentale du monde. Ces images illustrent bien la démarche de l’artiste : suggérer la transformation possible d’un site naturel, d’un environnement ordinaire.
« Je ne suis pas un enfant de l’ordinateur. A la sortie des Beaux-arts je voulais me détacher de ce que j’avais acquis. Très vite j’ai commencé à enseigner ; le lycée où j’exerçais a acquis un ordinateur sur lequel je me suis exercé, puis j’en ai acheté un. Au commencement j’avais la sensation très agréable de mettre les pieds sur un terrain inconnu, alors que dès qu’on fait de la peinture on a 12.000 ans derrière nous qui nous tiennent la main. Là, j’avais l’impression que je pouvais tout faire. Pour construire une image, je fais confiance aux images qui ressurgissent, qui remontent à la surface.»
Marc_Chostakoff_©_VieuxPort_01_Marseille
Marc Chostakoff © horizon 25, Cassis
Jeannie Abert
Diplômée de l’Ecole supérieure d’art et design de Saint-Etienne, Jeannie Abert suit actuellement le cursus de master II de l’Ecole nationale supérieure de photographie d’Arles.
Les deux séries présentées dans cette exposition montrent la direction du travail amorcé par cette jeune plasticienne photographe.
Elles s'intitulent Landscapes et Evidence of things partially true.
Landscapes (2011) est une proposition d’évasion et de respiration. Un temps d’arrêt où l’on se permet de regarder le ciel, l’eau et la terre. Amener le souvenir d’une architecture ou d’un édifice et le projeter là où il n’aurait pas pu être : l’imagination nous amène à déplacer un lieu dans un autre, en construisant un nouvel espace, à concevoir un paysage sensible, nouveau.
Evidence of things partially true (2011) est une recherche née d’une réaction à la modernité et au gigantisme du centre ville new yorkais, d’un besoin de retourner aux origines pour rechercher la vie dans ses manifestations primitives.
A partir de prises de vue argentiques des rues la nuit, des couloirs de métro, de musées présentant les vestiges de civilisations passées, Jeannie Abert découpe les images et les assemblent à d’autres. Dans cette série, elle crée ainsi un nouvel espace formel, partiellement vrai, qui puiserait sa force et son énergie dans le réel, mais qui en expérimenterait les limites en en proposant une autre lecture.
Jeannie Abert ©, Landscape 2011
Jeannie Abert ©, Evidence9 2011