Benoît de Dieuleveult, directeur de la Division Image chez Nikon France, fait le point sur l'évolution du marché de la photo numérique depuis le début de l'année et sur la stratégie de Nikon.
Quelle est la situation du marché des appareils photographiques?
Benoît de Dieuleveult - Le marché français représente environ 5 millions de pièces (compacts et réflex). Depuis le début de l’année, il progresse de 1% à 4,8 millions de pièces en volume, mais baisse en valeur. Le recul est de 3% pour un chiffre d'affaires de janvier à juillet de 565 millions d'euros, selon les chiffres de l'institut GFK.
Le marché de la photographie fait preuve de résistance par rapport à d'autres catégories de produits, comme les téléviseurs ou l'informatique. Cette exception tient à la progression des ventes d'appareils reflex. Ils représentent 29,4% du marché, et ont progressé de 7% en valeur. Le gros du marché est constitué par les compacts avec environ 60% des ventes en volume.
Quel est le marché potentiel pour les appareils équipés de capacités vidéo?
C’est une vraie piste de développement de la photo. On s'est rendu compte au fil du temps que la photo avait un public plus large que la vidéo. L'arrivée de la vidéo sur les reflex permet d'obtenir une qualité d'image exceptionnelle, parfois supérieure à certains caméscopes.
Le capteur d'un appareil reflex absorbe plus de lumière. C'est son premier avantage. Le deuxième avantage est la possibilité de changer d'objectif, ce qui n'est possible que sur le très haut de gamme en vidéo.
La demande de fonctionnalité vidéo émane des professionnels, et notamment des agences qui demandent à leurs photographes d'être en mesure de réaliser de la vidéo.
La convergence entre appareils photo reflex et vidéo semble inéluctable. Dans 3 à 5 ans, les produits auront évolué. Mais sur le marché du compact, on ne pose plus la question de savoir si un appareil doit avoir la fonctionnalité vidéo. Tous les appareils compact en sont dotés.
Le développement de la vidéo sur les reflex devrait aider à alimenter la croissance du marché. En France, le marché potentiel des reflex se situe autour de 500.000 pièces. Avec la vidéo, on ira peut-être vers les 600.000 pièces dans quelques années.
Quelle est le positionnement de Nikon?
Contrairement aux généralistes de l'électronique grand public que sont Panasonic, Sony ou Canon, Nikon est un spécialiste de la photo. Dans ce marché, nous voulons offrir la gamme la plus étendue possible, avec des produits allant de 99 euros à 7.000 euros. Nous offrons aussi une gamme d’optiques très large.
Notre but est d'être un généraliste de la photo. Sur le front du matériel professionnel, notre offre (D3, D700) nous a permis de reprendre des parts de marché à notre principal concurrent (Canon, NDLR).
Nous développons aussi notre part de marché dans le grand public à la fois dans les reflex et les compacts. Depuis le 1er janvier, nous sommes leader sur le marché des reflex avec une part de marché de 41,6%, devant Canon (39,2%), Sony (10,1%), Pentax (7,1%) et Olympus (1,6%).
Dans les compacts, nous avons regagné les parts de marché que nous avions perdu avec l'arrivée de nouveaux entrants, comme Samsung. Nous sommes aujourd'hui à 11,3% de parts de marché en volume et 10,8% en valeur. Notre stratégie est de poursuivre notre montée en gamme, avec l'introduction d'innovations comme les écrans OLED, la fonction "Multi-touch", qui permet, comme sur un iPhone, de zoomer sur une photo ou de la faire défiler. Enfin, nous avons introduit le S1000PJ, qui incorpore un picoprojecteur.
Quel est l'impact d'Internet sur le marché de la photographie?
Internet s’est très vite emparé de l’appareil photo numérique. Entre 2000 et 2004, les sites de vente en ligne ont bousculé les réseaux de vente traditionnelle et leur ont pris des parts de marché, en appliquant des marges inférieures.
Aujourd'hui, Internet a entre 15 et 20% de part de marché et reste à ce niveau. Cette stabilisation a plusieurs explications. Tout d'abord, les sites les plus agressifs et les plus virulents ont disparu ou ont été racheté. Ensuite, la distribution traditionnelle a appris à travailler avec des marges plus réduites. Et certains réseaux ont développé leur présence sur le web.
Les sites Internet les plus importants jouent le jeu de la concurrence. Ils cherchent à acheter le mieux possible et à avoir les coûts de distribution les plus bas possible.
Propos recueillis par Jocelyn Jovène
Source : e24.fr